Origine et histoire
L'hôpital de la Charité à Saint-Étienne a été fondé en 1682 ; les premiers bâtiments datent de 1690-1693. La chapelle, réalisée en grès houiller, a été édifiée entre 1708 et 1741. Au XIXe siècle, Léon Lamaizière a ajouté deux pavillons à l'angle de la rue Badouillère et de la rue Saint-Roch. Après la Première Guerre mondiale, le site a fait l'objet d'une importante rénovation dirigée par l'architecte Henri Lasserre : deux bâtiments néoclassiques furent édifiés sur ses plans, puis, en 1929, de nouvelles constructions confiées à Antoine Coste et Henri Lasserre répondirent aux exigences de l'hygiénisme. Le besoin croissant de lits et l'insalubrité des bâtiments du XVIIe siècle amenèrent la commission administrative, présidée par le notaire Fougerolle, à envisager un transfert de la Charité ; ce projet n'aboutit pas et la rénovation sur place fut décidée. Celle-ci comprit la construction d'un pavillon administratif et de deux grands bâtiments latéraux dont les rez-de-chaussée et entresols furent affectés au commerce, tandis que les étages accueillèrent, d'un côté, les vieillards indigents et incurables et, de l'autre, les petits rentiers ruinés par la guerre. Le bâtiment de la rue Michelet, de style Art déco, est un immeuble de trois étages sur rez-de-chaussée ; sa façade, organisée en cinq travées symétriques, présente au deuxième étage trois ouvertures octogonales encadrées d'éléments sculptés, surmontées d'une corniche portant l'inscription "Hospices Civils" flanquée de figures féminines symbolisant les activités de charité. En 1933, la commission administrative lança un concours pour la décoration de la salle de réunion du nouvel édifice administratif ; le thème imposé était la représentation des trois établissements récemment acquis par les Hospices civils et de leurs bienfaits : l'aérium de la Sablière à La Talaudière pour jeunes gens affaiblis, le préventorium de Riocreux au col de La République pour filles et jeunes femmes, et la maison de cure hélio-marine de Palavas‑les‑Flots pour enfants atteints de tuberculose. Le concours fut remporté par Joseph‑Louis Lamberton et F. Salque, mais le conseil d'administration se montra peu satisfait des maquettes et le vice-président Fougerolle traita directement avec le peintre Maurice Denis. Membre du mouvement des Nabis, Maurice Denis accepta la commande pour 100 000 francs et réalisa à Saint-Étienne l'un de ses derniers grands ensembles ; les toiles, peintes à Saint‑Germain‑en‑Laye, furent marouflées sur place par Albert Martine. La salle de réunion présente des panneaux muraux où des scènes réalistes décrivent les activités de chaque établissement et sont accompagnées d'inscriptions ; un rideau rayé délimite le monde réel de l'allégorique. La chapelle et l'escalier d'honneur ont été inscrits au titre des monuments historiques en 1979 ; le bâtiment administratif est partiellement inscrit (façades et toitures, montée d'escalier, palier du premier étage et salle d'honneur) par arrêté du 2 décembre 2002.