Origine et histoire de l'hôpital des pèlerins
L'ancien hôpital des Pèlerins, situé dans la ville-basse de Pons (Charente-Maritime), a été fondé par Geoffroy III de Pons vers 1160, dans la seconde moitié du XIIe siècle, pour secourir les enfants abandonnés, les pauvres et accueillir les pèlerins en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Conçu hors les murs pour recevoir les nécessiteux à toute heure et limiter la propagation des épidémies, l'ensemble se compose d'un bâtiment principal traversé par un porche voûté qui enjambe la grand-route Saintes–Bordeaux, avec, de part et d'autre, la salle des malades et l'église prieurale dédiée à Notre‑Dame. Le porche roman, mesurant environ 18 mètres sur 10, est divisé en trois travées — deux voûtées en berceau brisé et une travée centrale à croisée d'ogives — et s'ouvre par deux arcs surbaissés ornés d'une corniche à modillons et d'oculi en demi-lune ; ses murs présentent des arcades avec d'anciens enfeus et des graffiti, dont des représentations de la voûte céleste entourant la croix du Christ. Deux portails romans en plein cintre, sculptés de motifs végétaux et géométriques, ouvrent de part et d'autre de la travée centrale : celui vers l'ouest donne accès à la vaste salle des malades, quadrilatère divisé en trois vaisseaux et couvert d'une charpente du XIIIe siècle, l'autre ouvrait sur l'ancienne église dont subsistent les murs gouttereaux nord et sud. Au nord de l'édifice, une crypte voûtée en plein cintre servait d'ancien charnier et, à l'extrémité nord‑est, un logis médiéval conserve une cheminée et des vestiges de peintures murales à décors géométriques. Les chanoines de l'hôpital assuraient l'accueil des indigents, leur gîte et leur nourriture, ainsi que l'aide spirituelle ; ils recueillaient aussi les enfants abandonnés déposés dans des niches aménagées à l'entrée. À partir du XIVe siècle l'influence de l'hôpital décline ; au XVIe siècle les religieux de l'ordre de Saint‑Jean de Jérusalem s'y succèdent et l'établissement souffre des combats et des pillages lors des guerres de Religion, qui endommagent notamment l'église prieurale. Au cours des siècles suivants, la salle des pèlerins est modernisée et des bâtiments nouveaux lui sont adossés ; dans le dernier tiers du XVIIIe siècle Charles‑Eugène de Lorraine, sire de Pons, relance les travaux en faisant édifier un nouveau logis et en réaménageant la salle des malades, et il installe des religieuses pour le service de l'hospice. Après des déprédations révolutionnaires, l'hôpital, remis tant bien que mal, accueille au début du XIXe siècle une école gratuite pour enfants pauvres confiée aux Ursulines, mais il est finalement abandonné en 1818 au profit d'un nouvel établissement. Une partie des bâtiments fut ensuite transformée en habitations et en exploitation agricole ; la tour qui surplombait le porche, menaçant ruine, est démolie en 1830, tandis que le porche lui-même est classé au titre des monuments historiques en 1879. Au XXe siècle, les passages fréquents de véhicules sous le porche causent des dégâts répétés, entraînant en particulier l'abaissement de la chaussée de soixante‑dix centimètres ; des travaux de nettoyage des constructions parasites ont été menés par des propriétaires en 1974 et une partie des bâtiments a été convertie en logements sociaux en 1985. Inscrit en 1998 sur la liste du patrimoine mondial au titre des chemins de Saint‑Jacques‑de‑Compostelle en France, l'hôpital a bénéficié d'une importante campagne de restauration engagée dans les années 1990 et achevée en 2004, la partie concernant l'église et sa crypte restant mise à l'écart. Aujourd'hui l'ensemble, qui conserve aussi des vitraux contemporains de l'atelier Jean‑Dominique Fleury et un jardin médicinal réaménagé en 2003, accueille des manifestations culturelles et est ouvert à la visite.
