Origine et histoire de l'hôpital Frémeur
L'existence d'un hôpital à cet emplacement remonterait probablement au XIVe siècle, bien qu'aucun acte fondateur n'ait été conservé ; des maladreries sont attestées aux abords de la ville dès le XIIIe siècle. Un premier bâtiment destiné aux soins pourrait donc dater de cette période ; les colonnes circulaires du sous-sol sont peut‑être des vestiges, en place ou remployés, de cet établissement primitif. La présence, en position dominante, d'un blason aux hermines pleines suggère une fondation d'origine ducale, plausiblement située entre 1316 et 1491. L'édifice comprenant la chapelle, les salles des malades et les logements a été reconstruit au XVIe siècle, entre 1523 et 1531 (ou 1537), comme l'attestent plusieurs inscriptions et éléments architecturaux : la sablière ouest porte la date de 1523, une inscription gothique sur l'élévation nord mentionne 1528 et une poutre de la salle d'étage porte la date 1531 (ou 1537). Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, l'ensemble paraît avoir peu évolué, puis un agrandissement de la partie sud destinée à l'habitation est réalisé, la date de 1662 étant retenue pour ces transformations. Un petit cimetière à l'est du chœur est attesté en 1764 et figure encore sur le cadastre de 1824, alors qu'il est absent du plan de 1679. Vers 1703, l'adjonction d'un corps de bâtiment au sud contre les anciennes salles des malades s'accompagne probablement de remaniements intérieurs. L'hôpital connaît des modifications et des agrandissements aux XVIIIe et XIXe siècles. Entre 1874 et 1875, l'architecte diocésain Joseph Bigot conduit des travaux de restauration importants, surtout pour la chapelle : agrandissement des baies, remaniement des charpentes, pose de lambris peints au plafond et de lambris de hauteur; le mobilier religieux néogothique date également de cette campagne. À la fin du XIXe siècle, l'hôpital Saint-Michel est construit à proximité (1896-1898) grâce au don de M. de Kerjégu ; il illustre l'application des critères des médecins hygiénistes de l'époque. La révolution pasteurienne conduit à la division des hôpitaux en unités plus petites, favorisant l'isolement et l'asepsie : le plan en H renversé de Saint-Michel comporte quatre pavillons reliés au corps central par des galeries couvertes, tandis que voûtes ogivales et angles arrondis répondent aux préconisations de Tollet pour faciliter la ventilation. Après la construction de ce nouvel hôpital, l'usage des anciennes salles de soin est progressivement abandonné, la chapelle conservant sa vocation cultuelle rattachée à l'établissement. L'hôpital Frémeur a été classé au titre des monuments historiques en 2002 pour ses caractéristiques architecturales particulières ; il se trouve aujourd'hui dans un état de conservation critique et attend une nouvelle affectation. (Christel Douard, 2001)