Patrimoine classé
La chapelle dite Sainte-Croix-de-Jérusalem, à l'intérieur de l'hôpital : classement par arrêté du 20 juillet 1908 - La façade de la chapelle : inscription par arrêté du 8 mai 1930 - La grande statue en pierre de 2, 20 mètres représentant la Vierge à l'Enfant, la statue de religieux en pierre, la statue du diacre en pierre, la copie ancienne du Puits de Moïse sises dans le jardin : inscription par arrêté du 10 septembre 1937 - Les façades et toitures des bâtiments de l'hôpital général, l'autel majeur et la clôture du chœur de la grande chapelle, la pharmacie en totalité, les façades et la grille de la cour Henry Grangier, les façades et toitures des anciens communs du XVIIIe siècle et du dépositoire du XIXe siècle, la margelle et la superstructure du puits du XVIIe siècle dans la cour Berrier, les deux murs de soutènement, les parapets bordant les rives de l'ancien cours de l'Ouche et la terrasse sud, dite du Président Berbisey, les deux piliers du portail fermant le pont sur l'ancien cours de l'Ouche et ledit pont (ne feront pas l'objet d'une mesure de protection au titre des monuments historiques : le bâtiment entre la cour Morelet et la rue de l'Hôpital, le murs longeant la rue du l'Hôpital, les chambres mortuaires et la salle d'autopsie, l'ancienne école de médecine et les bâtiments et adjonctions du XXe siècle, cf plan annexé à l'arrêté) (cad. ES 13) : inscription par arrêté du 11 avril 2007 ; La copie du puits de Moïse, en totalité, située à l'hôpital général de Dijon sur la parcelle n° 13, figurant au cadastre de la commune, section ES, telle qu'elle est figurée sur le plan annexé à l'arrêté : classement par arrêté du 3 mars 2015
Personnages clés
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| Eudes III |
Duc de Bourgogne, fondateur de l'hospice. |
| Martin de Noinville |
Architecte ayant refait la façade. |
| Pierre-Paul Petit |
Architecte du XIXe siècle. |
| Simon Albosset |
Fondateur de la chapelle Sainte-Croix. |
| Pierre Crapillet |
Frère représenté dans la chapelle. |
| François Sigault |
Faïencier ayant décoré l'apothicairerie. |
Origine et histoire de l'hôpital général
Fondé en 1204 par le duc de Bourgogne Eudes III sur une île de l’Ouche, l’hospice du Saint-Esprit, qui devint ensuite Hôpital Notre‑Dame de la Charité puis Hôpital général, accueillait pauvres, malades, enfants abandonnés, pèlerins et passants pour un court séjour. Administré à l’origine par les hospitaliers du Saint‑Esprit, l’établissement s’est développé au fil des siècles selon un plan en grille centré sur la grande salle des malades, aujourd’hui grande chapelle. La première grande salle destinée aux malades fut édifiée en 1504 ; elle fut ensuite agrandie et divisée en deux salles distinctes pour hommes et femmes, chacune de 36 lits. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’ensemble s’enrichit de corps de logis organisant dortoirs, ateliers, réfectoires, apothicairerie, boulangerie et cuisine, ainsi que d’installations pour orphelins et enfants exposés. Les opérations de regroupement et de transformation se succèdent : réunion des établissements concurrents, institution de l’hôpital général, remplacement des religieuses par une nouvelle communauté, reconstruction partielle des façades et harmonisation de l’ensemble côté Ouche. La façade de la grande salle fut refaite par Martin de Noinville, d’inspiration mansardienne, et ornée d’un groupe sculpté représentant la Charité dont l’attribution fait l’objet de réserves. Au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, Pierre Lambert et d’autres entrepreneurs achevèrent les corps de bâtiments qui ferment les cours et aménagèrent des greniers et une terrasse dominant la rivière, tandis que des transformations intérieures modifièrent l’usage des salles de malades. La suppression de l’Ordre du Saint‑Esprit, la démolition de l’église et la construction de dépendances intervinrent à la fin du siècle suivant. Au XIXe siècle, l’architecte Pierre‑Paul Petit transforma la grande salle en deux parties : l’une accueillit la chapelle dans toute sa hauteur avec chœur, sacristies et espaces religieux et hospitaliers en étage, l’autre réunit des salles de convalescence, dortoirs et services ; la façade fut rehaussée par un clocher‑arcade et un dépositoire fut construit. Le XXe siècle apporta extensions, modernisations et remaniements intérieurs, puis le transfert progressif des activités vers le site du Bocage mena à l’abandon du site historique, la fermeture effective de l’hôpital en 2015 et la reconversion du lieu en Cité internationale de la gastronomie et du vin, ouverte en 2022.
La chapelle Sainte‑Croix de Jérusalem, fondée en 1459 par Simon Albosset à des fins funéraires dans le cimetière de l’hôpital, a été conservée lors des extensions ultérieures. Sa façade présente un haut‑relief de Notre‑Dame de Lorette du XVIe siècle, un Christ bénissant du XVe siècle et un ensemble appelé « Le pélican et les instruments de la Passion ». À l’intérieur, une mise au tombeau sous une grande Trinité coexiste avec deux peintures murales représentant frère Pierre Crapillet et Simon Albosset, la pierre tombale de ce dernier se trouvant sous le groupe. Le côté gauche de la chapelle conserve trois hauts‑reliefs polychromes retraçant des épisodes de la vie du Christ et le cénotaphe de Jean Jacotot.
La grande chapelle, longue de 90 mètres et construite entre 1504 et 1533 pour former la salle des malades, a vu sa façade rehaussée au XVIIe siècle et, au XIXe siècle, surmontée d’un campanile décoré de statues symbolisant la foi et l’espérance ; elle a été désacralisée en 2015 et réaménagée comme « Chapelle des Climats » dans le cadre de la Cité de la Gastronomie. Une réplique réduite du Puits de Moïse, réalisée en 1508 pour le cimetière, a été déplacée à plusieurs reprises, démontée puis réinstallée à proximité de l’ancienne école de médecine en 1968.
L’apothicairerie, établie dès 1644 et conservée dans son état des années 1690, a vu au XVIIIe siècle le remplacement des pots d’étain par des pots de faïence fournis par le faïencier François Sigault et décorés par des artistes locaux ; aujourd’hui sont conservés 46 pots de type « chevrettes », 39 pots « canon » et quatre grands vases dont deux fontaines. Démontée au printemps 2015, l’apothicairerie a été réinstallée dans le parcours d’exposition du 1204 – Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine de la Cité.
Au fil des siècles, l’institution a reçu dons et legs qui lui ont permis de constituer un domaine viticole important : le CHU possède aujourd’hui plus de 23 hectares de vignes, dont 7 hectares exploités par le Château de Marsannay, répartis sur plusieurs communes de la côte de Nuits et de la côte de Beaune. L’ancien hospice bénéficie de protections multiples au titre des monuments historiques, couvrant notamment la chapelle Sainte‑Croix, la façade, plusieurs sculptures, la copie ancienne du Puits de Moïse et, plus récemment, divers éléments des bâtiments dont l’apothicairerie. Enfin, le site a servi de lieu de tournage pour quelques scènes du film Le Repos du guerrier.