Période
4e quart XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Façades et toitures de tous les bâtiments anciens, y compris l'entrée et les pavillons attenants ; vestibule d'entrée et ses escaliers ; chapelle centrale en rotonde et galerie la surmontant (cad. E 1121, 1122, 1130 à 1135, 1137, 1138, 1142 à 1144, 1148, 1149) : inscription par arrêté du 14 septembre 1965 ; Le pavillon de l’école de médecine navale, en totalité, situé à Rochefort, sur la parcelle n°558, figurant au cadastre section AY, tel que coloré en rouge sur le plan annexé à l'arrêté : classement par arrêté du 1er avril 2022
Origine et histoire de l'hôpital militaire
L'hôpital de la Marine de Rochefort, dit hôpital maritime, est un ensemble monumental construit hors les murs sur la Butte à la fin du XVIIIe siècle et conçu selon le principe pavillonnaire, le premier de ce type en France. Fondé d'abord en 1666 dans le prieuré Saint-Éloi à Tonnay-Charente, il est transféré en 1683 sur le quai aux Vivres à Rochefort où se développe une école d'anatomie et de chirurgie inaugurée par un amphithéâtre en 1722, reconnue comme la première école de médecine navale. Soumis à l'étroitesse des lieux et à l'augmentation des admissions, l'ancien site devint insuffisant et Pierre Toufaire, ingénieur du Roi, présenta un plan approuvé le 25 janvier 1783 ; les travaux débutèrent aussitôt, la moitié de l'édifice étant achevée en mars 1785. Le nouvel hôpital, construit sur un terrain en éminence pour des raisons d'hygiène, a été inauguré le 8 juin 1788 et remis à l'intendant Charlot de Grandville le 9 juin 1788. Prévu pour 800 malades en période normale et 1 200 en cas d'affluence, il était réservé aux militaires, marins et ouvriers du port ; le pavillon sud-ouest a reçu l'école de médecine navale. L'approvisionnement en eau, difficile à Rochefort, fut résolu par l'installation d'une pompe à feu sur la Charente capable d'alimenter l'hôpital et la ville. Architectoniquement, l'ensemble adopte un plan en H avec un bâtiment principal ouvrant au sud sur une cour de 13 000 m2, flanqué de pavillons perpendiculaires et isolés destinés à limiter la contagion ; il compte neuf corps de bâtiment et 20 000 m2 de plancher, doté dès l'origine d'eau courante et d'évacuation des eaux usées. Les bâtiments, de qualité remarquable pour le gros œuvre et le second œuvre, présentent deux étages avec combles mansardés, de larges ouvertures, et une chapelle en rotonde surmontant le hall d'entrée, équipée d'une galerie permettant aux malades d'assister à la messe. L'hôpital fut au XVIIIe et XIXe siècles un centre de formation et d'expérimentation pour la médecine navale, doté d'une riche bibliothèque et d'un jardin botanique utilisé pour la pharmacopée et l'enseignement. Au fil du XIXe siècle l'établissement devint thermal après la découverte d'une source en 1865, puis perdit son jardin botanique en 1896 ; l'école de Rochefort devint annexe de Bordeaux en 1890 et ferma pour la médecine en 1963 et pour la pharmacie en 1964. Rebaptisé hôpital des armées Amédée-Lefèvre en 1981, il a été fermé en 1983 et vendu aux enchères en janvier 1989 à la société immobilière Egete ; le pavillon sud-ouest a été transformé en musée et ouvert en 1998 sous le nom d'Ancienne École de médecine navale. Après des années d'abandon, d'incendies et de dégradations, des projets de réhabilitation se sont succédé : la ville a acquis en 2018 une partie du terrain pour y implanter un nouvel établissement thermal, et en 2022 le groupe François 1er a racheté le bâtiment pour le reconvertir en logements, un chantier de réhabilitation ayant débuté en 2024 avec une livraison prévue en 2026. L'ancien hôpital bénéficie d'une protection au titre des Monuments historiques, inscrites notamment par arrêté du 14 septembre 1965 et complétées en 2015, tandis que le pavillon de l'école a fait l'objet d'une inscription en 2021 suivie d'un classement en 2022. Le parc et le jardin restent accessibles au public ; hormis le musée, les bâtiments sont fermés au public en dehors de visites exceptionnelles.