Origine et histoire de l'Hôpital Saint-Antoine
L'hôpital Saint-Antoine est un établissement universitaire de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), situé au 184, rue du Faubourg-Saint-Antoine dans le 12e arrondissement de Paris ; il appartient au groupe hospitalo-universitaire AP-HP–Sorbonne Université. Par décret du 11 février 1791, l'abbaye Saint-Antoine est déclarée bien national ; évacuée par les religieuses, elle devient sous la Convention l'hospice de l'Est pour pallier le manque d'hôpitaux dans ce secteur et en hommage aux habitants du quartier. L'église Saint-Antoine est détruite en 1796. L'architecte Nicolas‑Marie Clavareau est chargé de l'aménagement de l'hospice et entame la création de deux ailes supplémentaires, interrompue par des difficultés financières. À ses débuts, l'établissement comprend deux salles de 72 lits, l'une pour les femmes et l'autre pour les hommes, et ne dispose que d'un médecin, d'un pharmacien et d'une quinzaine d'infirmières. En 1802, l'hospice prend le nom d'hôpital Saint-Antoine. En 1811, les Hospitalières de Sainte-Marthe de Beaune se voient confier la gestion de l'hôpital jusqu'en 1881 et organisent la distribution des soins et des médicaments ; l'agrandissement des locaux se poursuit et les conditions d'hygiène s'améliorent. En 1842, l'hôpital compte 320 lits. Par testament, le joaillier Emmanuel Moïana lègue à l'Assistance publique un million de francs ; en 1879, il est décidé d'affecter cette somme à la création d'une annexe de 500 lits à l'hôpital Saint-Antoine. À la fin du XIXe siècle, des médecins tels que Georges Hayem, Marcel Lermoyez, Édouard Brissaud, Gilbert Ballet et Antoine Béclère contribuent à la renommée de l'établissement. L'hôpital est touché par les bombardements du 30 janvier 1918 lors de la Première Guerre mondiale. Les façades et toitures, le passage central du rez-de-chaussée et l'escalier du corps central font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 4 juin 1962. En 1965, Étienne Lévy et Jean Loygue inventent la nutripompe et participent à faire du service de gastro-entérologie l'un des plus reconnus en France. Le professeur Georges Offenstadt dirige le service de réanimation de 1997 à 2010 ; ce service porte aujourd'hui le nom de « Service Georges‑Offenstadt ». Le site comprend une entrée principale, un jardin, un bâtiment ancien avec le pavillon de l'horloge, des constructions modernes et la chapelle de l'aumônerie.
L'hôpital dispose de 780 lits, dont 22 pour les urgences, et de 96 places en hôpital de jour ; d'après les chiffres de 2007, il a assuré 270 000 consultations, 53 000 admissions et 2 400 naissances. Il emploie 3 700 personnes, dont 900 équivalents temps plein pour le personnel médical. L'établissement est centre de prélèvement d'organes et de tissus, pratique les autogreffes et se spécialise notamment dans les maladies rares. Il accueille un Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) qui assure la formation professionnelle des futurs infirmiers. Le médecin urgentiste Patrick Pelloux, qui exerce à cet hôpital, a alerté l'opinion publique sur le manque de moyens des hôpitaux publics, notamment lors de la canicule de 2003. Dans la nuit du 25 au 26 juin 2008, une panne électrique rare, consécutive à une coupure d'une alimentation EDF et à la défaillance d'un groupe électrogène, a entraîné l'évacuation de certains patients vers d'autres hôpitaux. L'établissement a servi de lieu de tournage pour quelques scènes de la série Urgences et pour le film Les Petits Mouchoirs (2010). Depuis 2022, un nouveau bâtiment construit dans l'enceinte de l'hôpital accueille le siège de l'AP-HP, précédemment situé avenue Victoria et rue Saint-Martin. Pendant la pandémie de Covid-19, l'hôpital a participé à la recherche thérapeutique, notamment à l'essai clinique Corimuno-plasm de plasmathérapie avec l'équipe de Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses et chercheuse à l'Institut Pierre‑Louis d'épidémiologie et de santé publique.
Paul Bru a été directeur de l'hôpital de 1902 à 1904 ; Jérôme Hubin en est le directeur depuis 2019. Une plaque à l'intérieur du bâtiment central rend hommage aux personnels de l'hôpital morts pour la France pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale, parmi lesquels figure Corentin Celton. L'hôpital possède deux entrées : l'entrée principale, réservée aux piétons et aux cyclistes, se situe au 184, rue du Faubourg‑Saint‑Antoine et est desservie par la ligne 8 (station Faidherbe‑Chaligny), tandis qu'une entrée pour véhicules et piétons se trouve au 34, rue Crozatier, à l'emplacement de la chapelle.