Origine et histoire de l'hôpital Saint-Jacques
L’hôpital Saint-Jacques de Besançon est un établissement de style classique du XVIIe siècle, issu d’une fondation médiévale. En 1182, les chanoines de la collégiale Sainte-Madeleine créèrent l’hôpital Saint-Jacques-des-Arènes, d’abord doté de quatorze lits et établi sur les ruines des arènes, avec l’accord du pape Lucius III pour accueillir les pèlerins se rendant à Rome, Saint-Jacques-de-Compostelle et Jérusalem. En 1436, l’hôpital fut rattaché à l’Ordre des hospitaliers du Saint-Esprit pour le secours des pauvres, des malades et des enfants abandonnés ; au XVe siècle il était annexé à l’hôpital du Saint-Esprit de Besançon et ne comptait alors que six lits. En 1667 arrivèrent deux religieuses de l’Ordre hospitalier de Sainte-Marthe de Beaune, qui quittèrent la ville après la première conquête de la Franche-Comté ; en 1687 la communauté de Dôle envoya de nouvelles sœurs, auxquelles l’archevêque Antoine-Pierre de Grammont donna des constitutions conformes à la règle de saint Augustin, provoquant une scission et la prise du nom de Filles de Notre-Dame des Sept-Douleurs par la communauté bisontine, qui fusionna en 2024 avec les Sœurs de la charité de sainte Jeanne-Antide Thouret. En 1686, sur la demande d’Antoine-Pierre de Grammont, on entreprit la construction d’un nouvel hôpital près de l’actuelle promenade Chamars ; les travaux, conduits de 1686 à 1703, suivirent un plan en « U » et l’établissement devint hôpital général par lettre patente de Louis XIV, faisant à l’achèvement partie des plus remarquables hôpitaux du royaume. La « chapelle du couvent du Refuge », élevée au XVIIIe siècle par l’architecte Nicolas Nicole à la manière de la chapelle du Collège des Quatre-Nations, accueillait initialement de jeunes femmes en difficulté. L’hôpital possède une apothicairerie parmi les plus remarquables, enrichie d’une collection de faïences des XVIIe et XVIIIe siècles constituée vers 1680 par l’apothicaire Gabriel Gascon. La grille en fer forgé réalisée par le serrurier Nicolas Chappuis en 1703 a été remplacée par une copie, l’original étant conservé à la Citadelle ; au-dessus de la porte figure une inscription latine tirée du psaume X,14. Une niche entre la grille et la porte abrite le buste en bronze d’Anne Biget (sœur Marthe), décorée par plusieurs souverains pour son dévouement envers les malades et les prisonniers, et la cour d’honneur est ornée d’une grande statue en pierre de saint Jacques datant du XVIIIe siècle. À la fin du XIXe siècle, les jardins de l’hôpital étaient principalement destinés à la culture potagère. Dans la première moitié du XXe siècle, l’ingénieur André Walter élabora de nouvelles techniques d’éclairage et d’antisepsie qui furent mises en œuvre en 1959 dans un bloc opératoire aménagé sur deux niveaux dans l’ancienne salle commune ; ce dispositif comprenait une demi-coupole elliptique réfléchissante, éclairée par un projecteur orientable, et percée de hublots permettant d’installer des observateurs à l’extérieur de la salle ; aujourd’hui désaffecté, ce bloc abrite le Muséum d’Anesthésie et des Techniques médico-chirurgicales. L’ensemble du site bénéficie de protections au titre des monuments historiques : l’hôpital, à l’exception des parties classées, est inscrit depuis le 27 décembre 1938 ; les façades et toitures donnant sur la cour d’honneur, la chapelle ainsi que les façades curvilignes et toitures des deux bâtiments adjacents sont classées depuis le 16 juin 1970 ; le bloc opératoire Saint-Joseph a été inscrit par arrêté le 23 avril 2012. Hôpital public faisant partie du Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Besançon, Saint-Jacques regroupait des services et structures autour de la place Saint-Jacques ; une vaste opération de transfert vers le site de Châteaufarine, en extension de l’hôpital Jean-Minjoz, a eu lieu fin 2012. Propriétaire de l’ensemble immobilier, le CHU a cédé les bâtiments du centre-ville en 2024, tandis que certains services restent pour l’instant en centre-ville — hospitalisations de psychiatrie, médecine légale, explorations du sommeil, Centre d’Investigation Clinique et accueil adolescent — avec la vocation qu’ils rejoignent à terme le site principal Jean-Minjoz.