Origine et histoire de l'hôpital Saint-Sauveur
L'hôpital Saint-Sauveur a été fondé par un proche de saint Vincent de Paul, Claude Charles de Rochechouart de Chandenier, abbé commendataire de l'abbaye de Moutiers-Saint-Jean. Dès 1661, l'abbé avait créé une maison de charité, remplacée en 1679 par un hôpital dont les lettres patentes furent signées par Louis XIV le 3 février 1681. Constatant l'insuffisance des premiers locaux donnés par Jeanne Vernot, il acheta un terrain "vis-à-vis l'église de l'abbaye" le 5 avril 1689 et fit édifier l'hôpital entre 1689 et 1691. Du XVIIe siècle subsistent la chapelle, la pharmacie et une pièce qui la précède, tandis que les autres bâtiments ont été remaniés dans les années 1970. La façade de la chapelle est datée de 1680 et le portail d'entrée porte la date de 1771. La grande salle destinée aux malades était divisée en deux par un autel flanqué de grilles, offrant huit lits au nord pour les hommes et garçons et huit lits au sud pour les femmes et filles. De petites pièces alignées à l'est de ces salles, ajoutées quelques années après, répondaient aux besoins du service. L'apothicairerie, aménagée à l'étage d'un bâtiment préexistant, est vraisemblablement contemporaine des salles de malades ; ce bâtiment a toutefois été remanié au XIXe siècle. La pharmacie a conservé ses boiseries et des collections de pots d'étain. En 1707, l'abbé conclut un accord avec la congrégation des Filles de la Charité de Saint-Lazare de Paris pour assurer leur présence "pour toujours"; elles prirent aussi en charge l'instruction des jeunes filles pauvres. L'abbé mourut le 18 mai 1710. En 1724, une grange fut édifiée à l'est de l'apothicairerie ; douze ans plus tard on y aménagea un étage servant de grenier à blé. En 1732, deux petits pavillons furent construits à l'ouest des salles de malades pour abriter une nouvelle sacristie et un second chauffoir réservé aux hommes, tandis que l'ancien chauffoir devint celui des femmes. L'année suivante, la cour principale fut fermée par un portail à porte cochère et une porte piétonne. Au XIXe siècle, plusieurs campagnes de travaux modifièrent l'ensemble : en 1832-1834 l'architecte Rémond agrandit la salle d'école des petites filles et reconstruisit partiellement le bâtiment côté est ; en 1837-1838 Maurice Flamand entreprit des réparations et orna la façade, créant un attique flanquant la niche du Saint-Sauveur et y encastrant deux hauts-reliefs représentant saint Vincent de Paul et saint Jean-Baptiste. Flamand construisit également une nouvelle boulangerie en 1838, supprimée en 1842 pour laisser place à une cuisine, un parloir et un réfectoire pour les sœurs ; le four à pain fut transféré au niveau du soubassement où il subsiste. Entre 1842 et 1844, l'ancienne salle des hommes fut transformée en chapelle, bénie le 19 juillet 1843, et Louis Marion édifia à l'ouest une nouvelle salle pour les hommes ; la sacristie actuelle date de cette époque. En 1850 Marion proposa le réaménagement de l'ancienne salle des femmes, consistant à l'agrandir vers le jardin et à édifier une nouvelle façade ornée de culots provenant de l'ancienne abbaye. En 1854-1855, l'architecte Laurent aménagea au rez-de-chaussée de la grange une salle d'asile pour petits garçons et petites filles, complétée en 1870 par un préau couvert à l'étage accessible par un escalier extérieur au nord. Pour des raisons d'hygiène, le cimetière situé au nord fut supprimé en 1860. À la suite d'un don en 1888, la salle des hommes dut être agrandie et les travaux furent exécutés par l'architecte Hector Marcorelles en 1889. En 1914, les administrateurs sollicitèrent des fonds pour créer une salle d'opérations avec des chambres voisines destinées aux malades isolés, projet resté sans suite en raison des événements contemporains. Dans la seconde moitié du XXe siècle, l'hôpital fut transformé en maison de retraite, ce qui provoqua de nouveaux remaniements et la construction, dans les années 1980, d'un vaste bâtiment d'hébergement conçu par Jean Balme. Les sœurs quittèrent l'établissement en 1985.