Origine et histoire de l'hospice Saint-Nicolas
L'ancien hospice Saint-Nicolas est le plus ancien hôpital de Metz, attesté dès le XIe siècle ; les bâtiments actuels datent du XIIIe au XIXe siècle. Il a fermé en 1986 ; au début du XXe siècle une partie servait de centre d'examen d'apprentissage et une autre abrita une agence de Pôle emploi (ANPE) jusqu'en 2009. La fontaine monumentale de 1739 est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 3 novembre 1929. Le portail de 1514, la façade sud sur cour de l'aile en retour d'angle (XVIe siècle), l'escalier d'angle et le sol de la cour sont inscrits depuis le 5 avril 1993.
L'origine de l'hospice demeure incertaine : certains auteurs le font remonter au XIe siècle, d'autres au IXe siècle, et il a porté divers noms anciens (Gran Ospital, Neuf hospital du Champ-à-Seille, Hopital du Neufbourg) avant d'être couramment appelé Saint-Nicolas. Aucun acte antérieur à une donation de l'évêque Bertram (mort en 1202) ni à une bulle du pape Innocent III n'a été retrouvé ; ces documents évoquent l'hôpital comme un établissement « déjà ancien » créé par la ville. Saint-Nicolas fut au centre d'un réseau d'établissements médico-sociaux : la maladrerie Saint-Antoine accueillait aux XIe–XIIe siècles les malades du feu sacré, plusieurs léproseries sont mentionnées dans les chroniques et la léproserie Saint-Ladre fut réunie à Saint-Nicolas en 1224. Les biens de l'hôpital du Pontiffroy supprimé en 1222 furent également réunis à Saint-Nicolas. D'autres maisons complétaient le dispositif d'assistance, comme l'hôpital des Allemands fondé par les chevaliers teutoniques dans le quartier d'Outre-Seille, le « Petit Saint-Jean » lié aux Hospitaliers et un hospice pour femmes en couche au Champ-à-Seille appelé Chapelotte. À l'époque moderne, des bâtiments furent affectés aux pestiférés et aux pèlerins ; la maison Saint-Jacques, qui recevait voyageurs et indigents, cessa d'exister en 1728 et passa à Saint-Nicolas. Ces éléments montrent que, malgré l'incertitude de sa fondation, l'hospice fut l'un des principaux établissements d'assistance de Metz.
L'hôpital fut construit pour les pauvres sur un terrain de vergers et jardins en dehors de l'ancienne enceinte, l'une de ses faces donnant sur le champ à Seille, et il dut beaucoup aux libéralités de la cité ; l'accès se faisait par un parvis et une cour où se trouvait l'église. Le Neufbourg et l'hôpital furent réunis à la ville vers 1358, et au XVIe siècle, avec le recul des remparts, le site se retrouva intégré au tissu urbain. L'hospice a connu divers usages et possessions : il garda le trésor de la ville jusqu'en 1304, possédait un cimetière et la chapelle Saint-Louis (rasée en 1552), et son grenier servit à entreposer des pièces d'artillerie en 1406. Plusieurs autels et objets liturgiques y furent fondés ou déplacés, et le chœur conservait une statue équestre de saint Martin.
Après la Révolution, Saint-Nicolas figura parmi les derniers établissements hospitaliers de la ville. En 1781 l'hospice accueillait 831 personnes et entretenait à la campagne 797 enfants exposés ainsi que 32 apprentis ; des états contemporains indiquent des populations et des capacités de lits variables, souvent réparties en lits doubles. Au XIXe siècle, de nombreux projets de modernisation et de translation furent présentés mais souvent retardés ou abandonnés faute de financements ; néanmoins un pavillon Saint-Joseph fut construit et réceptionné en 1826, un massif de bâtiments fut édifié entre 1838 et 1846 et l'église fut construite en 1841. L'hospice resta dédié aux pauvres et fut géré par les Sœurs de la Charité de Saint Vincent de Paul ; parmi elles, sœur Hélène Studler est notable pour avoir fondé un réseau de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale.
Sur le plan architectural, le portail gothique flamboyant est l'élément le plus remarquable : son tympan a été exécuté en 1514 par l'architecte messin Clausse de Ranconval et restauré au XIXe siècle, ce qui explique son bon état de conservation. Une niche du portail accueille une statue de saint Nicolas sculptée par Charles Pètre, actuellement en cours de restauration. Le tympan constitue l'un des rares témoignages tardifs de l'usage du gothique flamboyant à Metz, comparable au couronnement de la tour de la Mutte de la cathédrale. La fontaine du XVIIIe siècle et le portail demeurent les témoins les plus visibles de l'histoire de l'hospice.