Origine et histoire des Hospices
L'hôtel-Dieu de Beaune a été fondé par Nicolas Rolin et son épouse Guigone de Salins par une charte datée du 4 août 1443 et reçut ses premiers malades le 1er janvier 1452. Les travaux furent dirigés par le maître maçon Jehan Ratheau ; la charpente du bâtiment principal sur rue fut confiée, par marché du 9 octobre 1446, à quatre maîtres charpentiers beaunois. À l'origine placé sous la protection de saint Antoine, l'établissement adopta en 1452 saint Jean‑Baptiste comme patron pour éviter un conflit avec l'ordre des antonins. Conçu en U autour d'une cour d'honneur, l'hôtel-Dieu réunissait dès l'origine une grande salle des pauvres avec chapelle, des espaces pour les sœurs (réfectoire, cellier, dortoir), des ailes abritant une enfermerie pour les mourants, les chambres du fondateur et de son épouse, des chambres particulières payantes, ainsi que les locaux de service (cuisine, fours, farinier, buanderie, fromagerie et chambre pour le sel). La Bouzaize traversait la cour à ciel ouvert et alimentait un lavoir ; une grange dite du pressoir, qui fermait la cour au nord‑ouest, fut achevée en 1469. Au sud s'étendaient le cimetière des pauvres et celui des sœurs, une galerie, des chambres pour les personnes aliénées et des jardins.
À partir du XVIIe siècle, des transformations successives modifièrent l'organisation médiévale : la salle Saint‑Hugues fut aménagée en 1645, la salle Saint‑Louis remplaca la grange du pressoir en 1660, une salle de réunion et une salle d'archives apparaissent en 1745, et une seconde infirmerie fut créée en 1754 pour séparer les sexes (actuelle salle Saint‑Nicolas). En 1776 le réfectoire des sœurs fut réaménagé et l'apothicairerie étendue, puis la salle Notre‑Dame fut aménagée en 1784 à l'emplacement de la buanderie et de l'ouvroir. Face au manque de place, on bâtit un appentis le long de la grande salle en 1804 et l'on prolongea la salle Saint‑Louis jusqu'à la rue en 1827. Les tourelles d'entrée donnant sur la cour furent élevées en deux campagnes, en 1793 puis en 1853.
Le XIXe siècle et le début du XXe siècle furent marqués par d’importantes restaurations et constructions : Maurice Ouradou restaura la grande chambre des pauvres entre 1872 et 1878 dans un style néo‑gothique, l'architecte Selmersheim remania la salle Notre‑Dame entre 1886 et 1891, et la clinique dite pavillon de Bahèzre fut édifiée entre 1898 et 1905 selon les plans de Charles Suisse. Des extensions et remplacements de bâtiments agricoles et de cuveries eurent lieu aux XVIIe et XVIIIe siècles, puis au XIXe siècle ; la réfection des toitures polychromes telle qu'on la connaît aujourd'hui date des travaux menés entre 1902 et 1907.
L'activité hospitalière se poursuivit jusqu'au transfert des soins vers un nouvel hôpital en 1971 ; les bâtiments historiques furent alors désaffectés progressivement et transformés en musée. L'institution a été classée parmi les monuments historiques dès 1862 et figure parmi les éléments du patrimoine inclus au titre des Climats du vignoble de Bourgogne. Les hospices conservent par ailleurs un domaine viticole ancien dont la production, traditionnellement vendue aux enchères, a longtemps contribué au financement de l'établissement.