Origine et histoire des Hospices
L'Hôtel-Dieu de Seurre, dans le Val-de-Saône au sud de la Côte-d'Or, est un établissement hospitalier fondé au XVIIe siècle. Une partie du bâtiment abrite aujourd'hui un musée, tandis qu'une autre accueille un service de gériatrie depuis 1978 et une maison de retraite depuis 1986. Les façades et les toitures, la grande salle des malades, la pharmacie et trois pièces lambrissées du rez-de-chaussée de l'aile sud sont inscrites aux monuments historiques depuis 1976 (une première inscription semble avoir eu lieu en 1960).
Après la destruction des anciens hôpitaux de Seurre en 1473 par les Suisses puis en 1650 par les troupes de Louis XIV, les malades furent entassés dans une maison mal aérée, louée en urgence au milieu du marché. Les sœurs de la communauté Sainte-Marthe, inquiètes de la promiscuité et du risque d'épidémie, dressèrent un rapport aux magistrats concluant à la nécessité de construire un nouvel hôpital.
Après consultation de la population le 25 mars 1688, les magistrats accordèrent l'emplacement et les fonds, et la construction commença rapidement. Une première salle des malades de 18 lits et une aile destinée à la communauté des sœurs furent élevées, comportant salle de réunion, salle du conseil, dortoirs, cuisines, réfectoire, infirmerie des sœurs et apothicairerie. Entre 1730 et 1734 une chapelle dédiée à Saint-Louis fut bâtie à droite de la salle des malades ; entre 1765 et 1767 une nouvelle salle, financée par une bienfaitrice, sépara les hommes et les femmes à droite de la chapelle. En 1859 l'aile nord fut aménagée pour les infirmes et les vieillards, puis léguée aux hospices par la veuve Baudot le 23 juillet 1862, le legs réservant deux lits à des indigents infirmes de Pagny-le-Château. En 1877-1878 les deux pavillons du portail furent aménagés sous la direction de l'architecte Louis Belin, de Dijon.
Bâti en brique avec une haute toiture de tuiles plates, l'hôpital présente depuis le XIXe siècle un plan symétrique en U, une cour close à l'avant et un jardin arrière donnant sur la Saône. La cour servait à l'accueil des malades et des autorités et offrait aux personnes hospitalisées un lieu de promenade ; l'horloge de la façade principale et le clocheton de la chapelle y sont toujours visibles. Le jardin était cultivé par les sœurs pour fournir fruits, légumes et plantes médicinales destinés aux malades et au personnel.
Le réfectoire attenant aux cuisines permettait aux sœurs de prendre leur repas avant de les distribuer aux malades ; après avoir fait la vaisselle elles se rendaient aux complies puis regagnaient leur dortoir. Dans les cuisines subsiste un grand garde-manger en bois daté du XVIIe siècle. L'infirmerie des sœurs, la pièce la plus richement lambrissée, permettait de soigner les religieuses séparément ; elle conserve des lettres patentes de Louis XIV et de Louis XV. La chambre de l'évêque, richement meublée et conçue pour la réception de l'évêque de Besançon, a servi davantage à héberger des personnalités ou des patients aisés. L'apothicairerie, entièrement lambrissée, abrite les ingrédients et les préparations pharmaceutiques des sœurs ; elle contient la plus grande collection connue de pots en faïence de Dijon, soit cent pots, ainsi qu'un mortier en bronze argenté de 1679. La chapelle, installée entre les deux salles de malades, permettait aux malades de suivre l'office depuis leur lit ; elle conserve des vitraux du XVIIIe siècle relatant la vie de Saint-Louis ainsi que des objets cultuels, vêtements liturgiques et reliques. La salle des hommes, conçue pour éviter toute promiscuité, accueillait les malades masculins ; les 18 lits mi-clos en chêne visibles aujourd'hui datent de 1782 et ont été utilisés jusqu'en 1980, tandis que tables, chaises et vaisselle datant de la fin du XXe siècle y sont également exposées.