Origine et histoire de l'Hôtel abbatial Saint-Rémy
L'ancien hôtel abbatial Saint-Rémy, issu de l'abbaye fondée au Xe siècle à Lunéville, occupe une place centrale dans l'histoire et la topographie de la ville. Le monastère primitif, fondé par le comte Folmar le Vieux, s'est développé aux côtés du castrum protégeant le pont sur la Meurthe. Après une première communauté masculine, des moniales y furent installées par les fils de Folmar, qui enrichirent les biens du monastère et fondèrent notamment le premier hôpital de Lunéville. En 1140, les moniales furent remplacées par des chanoines réguliers de saint Augustin venus de l'abbaye de Belchamp ; ces chanoines prirent en charge la paroisse Saint-Jacques. L'abbaye accueillit également, en 1622, le premier noviciat de la congrégation de Notre-Sauveur instituée par saint Pierre Fourier. Reprise et reconstruite au XVIIIe siècle à partir de 1730 pour les chanoines, l'abbaye fut l'objet d'un vaste programme architectural ; des plans sont attribués à Jean Nicolas Jadot ou Jean-Nicolas Jennesson et, à partir de 1745, l'architecte Emmanuel Héré termina l'église abbatiale, qui devint aussi l'église paroissiale Saint-Jacques. Le roi Stanislas contribua financièrement aux travaux et participa à l'achèvement des tours dans un style évoquant le rococo d'Europe centrale. En 1728, les chanoines lancèrent un projet de reconstruction et l'abbé fit édifier un hôtel particulier composé d'un sous-sol, d'un rez-de-chaussée surélevé, d'un étage carré et d'un comble ; des parties latérales ajoutées à la fin du XVIIIe siècle s'articulent maladroitement avec l'édifice primitif. Les distributions du rez-de-chaussée ont été préservées et l'intérieur présente un décor raffiné de lambris, sculptures et gypseries. Les caves conservent plusieurs installations liées aux cuisines historiques : cheminées, vivier, potager, pierres à eau, évier et four à pain. La Révolution entraîna la sécularisation de l'abbaye : une partie des bâtiments conventuels fut détruite pour ouvrir la rue des Templiers et les usages des constructions furent profondément transformés. En 1798 le bâtiment conventuel devint hôtel de ville, le logis abbatial fut affecté au presbytère en 1802, et des aménagements au début du XIXe siècle permirent l'installation d'un collège et l'allongement du corps sud. En 1877 l'architecte lunevillois Émile Bajot modifia la façade du corps sud par la création d'escaliers extérieurs, la pose de balcons et d'une balustrade de toiture, et un monument aux morts fut érigé au centre de l'ancienne cour. Des restaurations de la voûte et de la couverture ont eu lieu en 1930 et 1934. L'ancien presbytère abrite aujourd'hui l'Espace muséal de l'Hôtel Abbatial, reconstitution d'un riche appartement du milieu du XVIIIe siècle et lieu d'expositions temporaires. L'hôtel abbatial, dans son ensemble, et le sol de son jardin sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 2 mai 2006, tandis que l'église est classée par arrêté du 20 septembre 1926. La liste des abbés connus est documentée de 1140 à 1790, débutant par Durand et se poursuivant jusqu'à Joseph de Mathy, et comprend des noms tels que Dominique II Bexon ou Charles Ier de Lorraine, d'après la Gallia Christiana.