Origine et histoire
L'hôtel dit de Beaumont, puis de Teste, est un bâtiment situé à Avignon dans le Vaucluse. Au numéro 9 de la rue de la Croix se trouvait la maison du chanoine Jacques de Beaumont, louée à l'évêque de Luçon Armand du Plessis pendant son exil à Avignon du 15 mai 1618 au 7 mars 1619. L'évêque séjourna en ville avec son frère Henri du Plessis, marquis de Richelieu, et son beau-frère Vignerot de Pont-Courlay ; son secrétaire Michel le Masle avait signé le bail le 12 mai 1618 devant le notaire Louis Durieu pour une durée d'un an et un loyer de 700 livres payable d'avance. Arrivé après un voyage de vingt-cinq jours et accompagné seulement de son valet Jean Bourguignon, il fit imprimer sur place Instruction au chrétien, ou catéchisme du diocèse de Luçon, datée du 1er septembre 1618, avec deux lettres aux curés de son diocèse ; le privilège royal est du 17 février 1619. Chaque matin, il se rendait à l'église des Minimes, près de la porte Saint-Roch ; son secrétaire résilia le bail le 13 février 1619 et, peu avant son départ, il reçut la lettre du roi Louis XIII le rappelant auprès de la reine-mère Marie de Médicis, remise le 7 mars 1619 par Charles Le Clerc, seigneur du Tremblay.
La maison du n°9 était séparée de celle du n°11 par une impasse qui conduisait à la chapelle Sainte-Croix ; le n°11 appartenait depuis 1665 à Philippe de Bertrand de Pélicier, seigneur d'Eyrolles, qui le légua à sa veuve Julie de Cavaillon. Celle-ci acheta le n°9 en 1685 et les deux maisons furent alors réunies par un arceau au-dessus de l'impasse. Joseph-Dominique de Garcin, docteur en droit et registrateur des bulles apostoliques, devint propriétaire des deux corps de logis ; en 1730 une contestation opposa Garcin au chapitre de Saint-Agricol au sujet du passage, tandis que les recteurs du Mont-de-Piété, contigus à la chapelle, proposaient d'en acquérir la parcelle pour agrandir leurs bâtiments. Par acte du 9 novembre 1730, le passage fut cédé à Garcin et la chapelle au Mont-de-Piété.
Le 17 septembre 1740, Joseph de Teste, docteur agrégé et consulteur du Saint-Office, acheta les deux maisons à Garcin. Originaire du Piémont et installée à Pernes depuis le XVe siècle, la famille Teste donna plusieurs jurisconsultes à Avignon et des primiciers à l'université, et ajouta une particule à son nom avec l'acquisition de charges conférant la noblesse. Paul Achard attribue à Joseph de Teste, peu après 1740, la construction de la plus grande partie de l'hôtel et l'unification de la façade sur la rue de la Croix à la suite de la suppression du passage, mais l'absence de documents empêche de préciser la chronologie ; Pierre Lavedan s'est interrogé sur une possible participation de Jean-Baptiste Franque, en référence aux modèles des hôtels parisiens des années 1730.
Durant la Révolution, François-Joseph de Teste se réfugia en Italie ; son épouse Claudine de Rhodes obtint le divorce et la propriété de l'hôtel, puis mourut avant le retour de son mari, qui put néanmoins reprendre possession. Les descendants conservèrent l'hôtel jusqu'au milieu du XIXe siècle ; il appartint ensuite aux frères César et Jules de Teste, puis à plusieurs médecins avignonnais. Le docteur Azémar fit procéder à des travaux de restauration. L'hôtel, légué par Michèle Azémar à la ville d'Avignon par testament du 26 septembre 2013, est en cours de transformation en musée d'art contemporain. Il a été classé au titre des monuments historiques le 14 décembre 1992.