Origine et histoire de l'Hôtel Binet
Maison ou Hôtel Binet, situé au 10 rue Paul‑Louis‑Courier (ancienne rue des Carmes) dans le Vieux‑Tours, est une demeure en pierre ayant appartenu à la famille Binet, notable aux XVe et XVIe siècles. L'ensemble se compose d'un corps principal et de trois ailes en retour d'équerre, deux orientées à l'ouest et une à l'est. La façade ouest est flanquée d'une tourelle polygonale qui abrite un escalier à vis ; son accès se fait par une porte en anse de panier surmontée d'une accolade ornée de crochets et encadrée de pinacles. Au sud de cette tourelle se situe un petit oratoire de plan carré. Les deux ailes sont reliées entre elles par une galerie à piliers en bois, desservie par deux escaliers tournants également en bois, à balustres, placés dans les angles. L'hôtel a été construit pour Jacques Binet dans la seconde moitié du XVe siècle ; le décor sculpté de la tourelle d'escalier et les cheminées des étages sont attribués à cette campagne. Au premier quart du XVIe siècle furent aménagées les galeries orientale et occidentale et installées les cheminées du rez‑de‑chaussée ; l'une d'elles porte l'inscription "Marguerite", hommage à Marguerite d'Angoulême, reine de Navarre, en lien avec Jean Binet, maître d'hôtel. La travée de baies sur la façade principale, ainsi que certaines lucarnes de l'aile nord‑ouest, datent de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe siècle. Le portail d'entrée et des escaliers en vis à balustres furent ajoutés au début du XVIIe siècle, au moment où les ailes nord et sud furent rehaussées par la création d'un premier étage et d'un comble en pan de bois. Des remaniements intérieurs affectent l'aile sud‑ouest au XVIIIe siècle. L'un des battants de la porte de la cour porte les armoiries de Jérôme Binet, seigneur des Bauldes et de Bas‑Cousse, maire de Tours en 1600, auquel on attribue un remaniement de l'hôtel. La maison passa ensuite par héritage aux fils de Jérôme Binet, Hiérosme II et Jacques ; ce dernier épousa Françoise Joubert, fille de Nicolas Joubert, receveur des tailles, qui fut aussi échevin (1611‑1624) et maire de Tours (1616‑1618). Au premier étage, une cheminée dont le manteau a été peint à l'huile sur pierre vers 1620‑1630 par Jérémie Le Pileur représente Daniel empoisonnant le dragon des Babyloniens, épisode deutérocanonique. En 1711, Catherine Mangeant, veuve d'Adrien Girollet, acquit l'hôtel d'une demoiselle Besnard ; il passa ensuite à Catherine Girollet et à son époux Antoine‑André Roze, puis en 1773 à François‑Charles‑Claude Mégessier et à son épouse Perrine Lambron, et enfin à leur fils Charles‑Dominique Mégessier en 1785. La galerie et les deux escaliers en bois des XVIe‑XVIIe siècles ont été inscrits au titre des monuments historiques dès 1927 ; l'inscription a été étendue à l'ensemble des éléments bâtis et non bâtis par arrêté du 18 janvier 2023.