Origine et histoire de l'Hôtel Boyer d'Éguilles
L'hôtel Boyer d'Éguilles est un hôtel particulier situé au n°6 de la rue Espariat à Aix-en-Provence. L'édifice, ainsi que l'enclos, le sol des deux cours et la toiture, est protégé au titre des monuments historiques. Sa construction s'est étalée depuis le premier quart du XVIIe siècle ; un nouvel hôtel y fut entrepris par Madeleine de Forbin d'Oppède, veuve de Vincent Boyer d'Éguilles, conseiller au parlement d'Aix. Le corps central fit l'objet de rénovations commandées par Jean-Baptiste de Boyer d'Éguilles entre 1672 et 1675 à l'architecte aixois Louis Jaubert. Jean-Baptiste opta pour un plan en U traditionnel, avec le bâtiment principal au fond de la cour d'honneur, à la différence des hôtels italianisants du quartier Mazarin. La façade du corps principal compte cinq travées égales et présente une élévation à ordre colossal, attribuée pendant longtemps à Pierre Puget. Les deux ailes en retour possèdent un décor identique mais furent laissées inachevées au XVIIe siècle. Jean-Baptiste conçut le décor intérieur ; l'entrée dans le corps principal se faisait à l'origine par la deuxième travée côté gauche, face à un escalier à volée semi-ovale au tracé audacieux. La rampe en fer forgé fut réalisée en 1678 par le ferronnier Pierre Cachou. Le premier étage comprend trois chambres aux plafonds peints dans les années 1680, la chambre de parade centrale, donnant sur la cour d'honneur, ayant été décorée en 1682. Le plafond du grand salon du rez-de-chaussée, peint par l'aixois Sébastien Barras, a disparu ; Barras, envoyé à Rome pour s'inspirer des décors italiens, exécuta de retour le Triomphe de la divine Providence ou la Vertu triomphant des Vices. Ce salon abritait la collection de tableaux de maîtres de Jean-Baptiste Boyer d'Éguilles, comprenant notamment Raphaël, Titien, Véronèse, Tintoret, le Parmesan, le Corrège, les Carrache et Rubens ; ces œuvres furent reproduites par le graveur Jacques Coelemans et en manière noire par Sébastien Barras, puis publiées en 1709 et 1744 chez Pierre-Jean Mariette. Pierre-Jean de Boyer d'Éguilles, fils de Jean-Baptiste, eut trois fils dont Jean-Baptiste Boyer d'Argens et Alexandre Jean-Baptiste de Boyer ; ce dernier, ayant défendu les jésuites en 1763, fut condamné au bannissement perpétuel, peine commuée en 1768 en bannissement d'Aix pour dix ans, période pendant laquelle l'hôtel resta vide. D'autres travaux eurent lieu en 1715 et 1750, notamment au portail central, et au XIXe siècle un appareillage de moellons recouvert de crépi fut posé au-dessus des ailes inachevées. Au début du XXe siècle, l'industriel Auguier acheta l'hôtel et le transforma en fabrique de pâtes, dont les vapeurs ont fait disparaître le décor du salon d'apparat. En 1936 l'Union des sociétés mutualistes aixoises acquit l'hôtel, qui fut restauré par le Service des monuments historiques et accueillit le Muséum d'histoire naturelle d'Aix-en-Provence de 1950 à 2014. En 2010 l'édifice fut cédé par une assurance à un groupe immobilier qui a engagé sa rénovation et y a progressivement installé, jusqu'en 2020, des boutiques de prêt-à-porter, une boutique de cosmétique bio et un café littéraire.