Origine et histoire de l'Hôtel Bristol
L’hôtel Bristol, ancien palace situé rue du Lieutenant‑Colonelli à Beaulieu‑sur‑Mer, a été conçu pour John Blundell Maple. Sa construction, entreprise à la fin du XIXe siècle, a mobilisé l’architecte danois Hans‑Georg Tersling, l’entreprise Baptistin Serraire et Cie — qui a assemblé la structure métallique d’après les dessins de l’architecte Marcello M. — ainsi que J. B. Viale comme maître d’œuvre. Les travaux ont été menés rapidement : commencés en février 1897, le bâtiment fut achevé en décembre 1898 et inauguré le 5 janvier 1899 après l’installation des aménagements intérieurs et du mobilier fourni par Maple and Co. À l’origine, l’hôtel comptait cinq étages et 300 chambres, disposées le long d’un couloir de 150 mètres, avec soixante chambres par niveau ; sa composition architecturale répondait au type « hôtel‑bloc » autour d’un corps central et de deux ailes, les chambres étant desservies par une rue intérieure et les logements du personnel situés au dernier étage. Le programme comprenait également plusieurs bibliothèques et des pavillons aux extrémités conçus pour accueillir concerts et pièces de théâtre. Une dépendance circulaire coiffée d’une coupole, destinée à abriter un grand salon vitré et exploitée comme restaurant et tea‑room sous le nom de « Verandah Restaurant », a été commencée en 1899 et achevée en janvier 1904 par les mêmes architectes. Le 28 mars 1911, un incendie, déclenché par des étincelles provenant d’une cheminée et aggravé par un fort vent, détruisit la couverture et les deux derniers étages ; les sapeurs‑pompiers de Beaulieu, aidés par ceux de Nice et des chasseurs alpins, maîtrisèrent le sinistre à l’aube, en partie grâce au choix de planchers en ciment armé jusqu’au quatrième étage et à l’inondation des étages supérieurs. Après ces travaux de remise en état, l’hôtel conserva son activité avec désormais quatre étages et put rouvrir pour la saison 1911‑1912. Durant la Première Guerre mondiale, il fut réquisitionné comme hôpital militaire complémentaire n°28 jusqu’en 1916, puis reprit une activité touristique dès la saison d’hiver 1916‑1917. Après le conflit, sous la direction de M. A. E. Tillett, l’établissement s’est enrichi de trois courts de tennis en terre battue qui accueillirent, à partir de 1920, les premiers tournois du Beaulieu Lawn Tennis organisés par M. C. M. Ridding. Pendant les combats du massif de l’Authion en avril 1945, la Rotonde servit d’hôpital pour soigner des soldats de la 1re division française libre. En 1954, le promoteur Saglia acquit l’immeuble et le transforma en copropriété de standing, cédant pour partie ses jardins et ses courts de tennis à la commune ; l’aspect extérieur, la décoration en stuc et une partie du vastes hall d’entrée furent conservés, tandis que les espaces liés à la destination hôtelière furent aménagés en appartements. La Rotonde, longtemps négligée et menacée de démolition, fut expropriée au profit de la commune dans les années 1970, puis remodelée en 1982 pour devenir un centre de congrès exploité par le Groupe Partouche dans les années 1990 ; elle cessa d’être utilisée à partir de 2001 et retrouva en octobre 2011 une vocation réceptive avec l’ouverture des Salons de la Rotonde Lenôtre de Beaulieu, malgré des contentieux juridiques encore en cours avec le syndicat des copropriétaires. Les façades, la toiture et le jardin de l’ancien hôtel ont été inscrits à l’inventaire des monuments historiques par arrêté du 4 février 2022, tandis que la Rotonde est protégée au titre des monuments historiques depuis l’arrêté du 23 juin 1978.
