Origine et histoire de l'Hôtel Chabot
L'hôtel Chabot est un hôtel particulier situé au 37, rue de Bourgogne à Moulins (Allier). Son plan et son décor évoquent le XVIIIe siècle ; l'édifice constitue l'un des plus beaux exemples d'habitation moulinoise construite à la fin de l'Ancien Régime ou au lendemain de la Révolution, dans la continuité des formes du siècle précédent. Il est précédé d'une cour ouvrant sur la rue par un portail encadré de communs, tandis que la façade donnant sur le parc est précédée d'une terrasse surélevée. Les façades présentent un décor losangé en briques rouges et brunes et en grès. Chaque pavillon donne sur la cour par un large portail en plein cintre, servant de remise et d'écurie. Entre ces pavillons et l'habitation s'insèrent deux petits bâtiments allongés dont les murs de brique sont rattachés aux angles par des arcs formant des contre‑courbes, disposition habituelle au XVIIIe siècle. Au fond de la cour, l'hôtel comporte des étages au‑dessus du rez‑de‑chaussée ; la vaste cage d'escalier, remarquable, part du rez‑de‑chaussée et monte jusqu'au troisième étage avec une montée à large volée et des paliers intermédiaires. L'intérieur conserve des parquets à feuilles et des cheminées de style Louis XVI. L'hôtel semble avoir été construit à la fin de l'Ancien Régime par la famille Meilheurat. Jean Claude Meilheurat et son épouse Michelle Colin vendent la maison de ville le 27 juin 1802 à Jean Baptiste Mollot. À la mort de Jean Baptiste Mollot en 1804, sa veuve Antoinette Michèle Curial devient propriétaire ; elle épouse en secondes noces, en 1807, François Charrier, anobli en 1816 et qui fut notamment maire de Moulins et auditeur au Conseil d'État. Leur fille Clémentine Emmanuel Charrier apporte la demeure à la famille Chabot après le décès de sa mère ; elle avait épousé en 1837 Victor Chabot. De cette union naissent deux enfants, Abel et Marie. Sous le Premier Empire, une partie de l'hôtel est louée au tribunal impérial. Abel Chabot, héritier et grand collectionneur, marque profondément la maison par d'importantes rénovations et par la replantation du jardin, aidé dans cette entreprise par son ami Paul Anacharsis Doumet. M. et Mme Abel Chabot étaient très présents dans la vie mondaine locale et aidèrent notamment l'évêque de Moulins par des dons ; Abel fit réaliser une cloche frappée de ses armes et baptisée Irène, prénom de son épouse. Sans enfant, Abel Chabot teste en faveur de sa nièce la vicomtesse de Durat, laissant l'usufruit à son épouse qui y demeure jusqu'en 1939 ; en 1936 la vicomtesse attribue l'hôtel à sa fille aînée, la comtesse Fulcran de Roquefeuil, qui en conserve l'usage jusqu'à son décès en 1947. À partir de cette époque la maison est délaissée ; après la Seconde Guerre mondiale elle est réquisitionnée, puis occupée par des bureaux de la SNCF, puis par une école communale jusqu'au début des années 1960. La famille de Roquefeuil, propriétaire, lutte contre un projet municipal de démolition pour aménager un boulevard et, après plus de dix années de combat, entreprend une rénovation complète de la demeure en 1969. L'hôtel est partiellement inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 27 février 1963 ; les éléments protégés comprennent les façades et les toitures de l'hôtel et des communs, l'escalier intérieur, le portail sur rue, le sol de la cour ainsi que la terrasse sud et sa clôture.