Origine et histoire de l'Hôtel Particulier
L'Hôtel Chéret, également nommé hôtel Benoît de Sainte-Paulle ou Akermann, est un hôtel particulier situé 30 rue du Faubourg-Poissonnière dans le 10e arrondissement de Paris. Il a été construit de 1773 à 1778 sur la majeure partie d'un terrain formé de jardins maraîchers s'étendant du 30 au 34 de la rue du Faubourg-Poissonnière et du 21 au 25 de la rue d'Hauteville, parcelles acquises en 1772 par l'architecte et spéculateur Claude‑Martin Goupy, puis revendues à Benoît de Sainte-Paulle. Une autre portion du terrain, correspondant au 32 rue du Faubourg-Poissonnière, fut vendue au marbrier Leprince. La construction, conduite sur les plans de Nicolas Lenoir, fut précédée par le nivellement du marais agricole existant, dont le sol se trouvait à 1,5 mètre sous le niveau de la rue du Faubourg-Poissonnière et à 2 mètres sous celui de la rue d'Hauteville. En 1776 Benoît de Sainte-Paulle revendit l'hôtel en état futur d'achèvement à Jean‑François Caron, trésorier de l'ordre du Saint‑Esprit, qui fit dresser deux ailes en retour sur cour par l'architecte Antoine‑François Peyre en 1778. Déclaré en faillite frauduleuse en janvier 1779, Jean‑François Caron fut incarcéré à la Bastille et l'hôtel fut adjugé à François‑Nicolas Lenormand, qui acquit aussi la charge de trésorier de l'ordre du Saint‑Esprit et fit prolonger les ailes. Après la mort de François‑Nicolas Lenormand, sa veuve Marie‑Louise O'Murphy continua d'habiter l'hôtel avec sa fille Marguerite‑Victoire, puis le bâtiment fut loué à Claude Antoine de Valdec de Lessart, ministre de Louis XVI, qui fut arrêté en 1792 et massacré en septembre. Marie‑Louise O'Murphy revendit l'hôtel en 1795 à Louis‑Jean‑Baptiste Chéret, qui le loua notamment au général Ney, lequel y célébra son mariage en 1802. Chéret vendit ensuite l'hôtel au banquier Jonas‑Philip Hagerman en 1820. Au fil des mutations successives, le jardin qui s'étendait aux 21 et 23 rue d'Hauteville fut amputé vers 1850 puis disparu en 1872. Les façades sur rue et sur cour du pavillon d'entrée, ainsi que la façade au fond de la cour, ont fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 26 octobre 1927. En 1942, l'hôtel abritait le bureau d'études de la Société anonyme des usines Farman, qui employait comme ingénieur le futur général Jacques Collombet. Après une occupation par Air France à partir de 1946, la Ville de Paris acquit l'immeuble, puis le mit en location sous forme de logements sociaux gérés par la régie immobilière de la ville de Paris.
L'élévation sur rue se compose d'un bâtiment de sept travées percé d'une porte cochère donnant accès à une cour de 15 mètres de large sur 45 mètres de profondeur, encadrée de deux ailes comportant un rez-de-chaussée sur caves en berceau et un étage surmonté d'un toit mansardé. Le corps principal au fond de la cour est un pavillon de cinq travées, large de 18,75 mètres et profond de 15 mètres, comprenant un étage à demi‑souterrain sur caves, un rez‑de‑chaussée, un étage carré et un étage en attique, couronné d'une toiture mansardée ajoutée ultérieurement alors qu'à l'origine le pavillon était pourvu d'une terrasse. La partie correspondant au perron central, formé de cinq marches, comprend trois travées encadrées de colonnes ioniques, et le bâtiment est flanqué de petits pavillons qui, à l'origine d'un seul niveau, furent élevés par la suite au niveau du corps central. La façade arrière, presque identique à la façade sur cour, ouvrait sur un jardin clos de murs d'une largeur de 27 mètres et d'une longueur de 96 mètres jusqu'à la rue d'Hauteville. Ce jardin comportait une cuvette de 17,80 mètres de large sur 51 mètres de longueur, en pente douce vers la rue d'Hauteville et atteignant au centre le niveau du sol naturel, environ 1,5 mètre inférieur à celui des rues environnantes.