Origine et histoire de l'Hôtel d'Alluye
L'hôtel d'Alluye est un hôtel particulier du XVIe siècle situé au 8, rue Saint-Honoré à Blois, construit pour Florimond Robertet, secrétaire et notaire du roi, et nommé d'après sa baronnie d'Alluye. Édifié autour d'une cour sur un quadrilatère d'environ 30 mètres de côté, il figure parmi les premières réalisations de la Renaissance à Blois et alliait dès l'origine des traits gothiques et renaissants. L'ensemble comportait quatre ailes disposées autour d'une cour d'honneur, mais aujourd'hui l'édifice n'occupe plus que la moitié de sa superficie d'origine : seules les ailes sud et est conservent encore l'aspect ancien, l'aile ouest ayant été morcelée au XVIIe siècle et l'aile nord détruite en 1812. La façade sur rue, largement remaniée au XIXe siècle par Achille Lafargue, s'inspire de l'aile Louis XII du château de Blois ; restent d'origine au rez-de-chaussée l'encadrement des fenêtres et le portail monumental, tandis que les étages supérieurs et les lucarnes relèvent des restaurations du XIXe siècle. À l'inverse, la façade de la cour et ses galeries reflètent une influence italienne marquée : superposition d'arcades en anse de panier, colonnes et piliers, moulurations et sculptures fines, ainsi que treize médaillons à l'antique représentant principalement des empereurs romains, entourés de guirlandes et à l'origine peints en vert pour évoquer le bronze. L'aile sud, qui reste la plus complète, abritait à l'origine les écuries et les celliers au soubassement, la grande salle au rez-de-chaussée et plusieurs chambres à l'étage, desservies par une galerie ouverte sur la cour et un escalier en vis en tour d'angle. L'aile est, proche de l'état initial, conserve des arcades vitrées et des voûtes en arêtes dans la cuisine et le vaste garde-manger ; plusieurs plans intérieurs ont cependant été modifiés au XIXe siècle. Certaines parties disparues ou remaniées ont laissé des traces archéologiques et documentaires : l'aile ouest comportait autrefois une chapelle, une salle de jeu de paume et de vastes celliers, et l'aile nord, plus étroite, comprenait cabinets et chambres à feu desservis par un escalier rampe-sur-rampe. La décoration intérieure est en grande partie perdue, mais subsistent une cheminée monumentale de la grande salle redécorée au XIXe siècle par Martin-Monestier, ornée de frises, candélabres et maximes en grec et en italien, ainsi que quelques boiseries et vantaux sculptés. La cour accueillait autrefois une copie en bronze du David de Donatello, offerte à Robertet par la République florentine et déplacée par la suite, et les galeries nord furent soutenues jusqu'en 1812 par deux séries de colonnes en marbre blanc aujourd'hui démontées. Propriété successivement des Robertet, des Hurault de Saint-Denis, des Bégon puis des Louët de Terrouanne, l'hôtel passa au XIXe siècle entre plusieurs mains avant d'être acquis par la Mutuelle générale d'assurance du Loir-et-Cher, qui fit entreprendre des campagnes de restauration. Transformé au début du XXIe siècle en appartements de standing, l'édifice demeure une propriété privée classée monument historique par décret du 6 novembre 1929 et s'ouvre exceptionnellement au public, notamment lors des Journées européennes du patrimoine.