Origine et histoire de l'Hôtel d'Assézat
L’hôtel d'Assézat et de Clémence Isaure, situé au 7 place d'Assézat à Toulouse, est un exemple majeur de l'architecture de la Renaissance. Construit pour le riche marchand Pierre d'Assézat, négociant du pastel et capitoul, les premières campagnes ont été menées par Nicolas Bachelier entre 1555 et 1557, puis achevées par son fils Dominique Bachelier entre 1560 et 1562. Le bâtiment, élevé en brique avec un décor en pierre, présente des façades classiques où se superposent aux étages les ordres dorique, ionique et corinthien, selon les modèles antiques et les traités de Sebastiano Serlio. La cour intérieure, protégée par un portail monumental et rénovée en 1993, met en valeur la polychromie brique-pierre et un décor maniériste fait de cabochons, masques et pointes de diamant. Une loggia et une coursière relient les différents niveaux : la loggia servait de tribune sur la cour, tandis que la coursière permettait au marchand de gagner son bureau au-dessus du portail, soutenue par des consoles ornées de gousses végétales et de masques grotesques. Le portail d'entrée, inspiré d'une porte de Serlio, associe pilastres doriques décorés, frise de métopes et une fenêtre supérieure entourée de pilastres ioniques. L'escalier principal, installé dans une tour d'angle surélevée, développe des paliers ornés d'ordres et d'une figure de terme; la tour, couronnée en brique, possède deux terrasses et un chemin de ronde et domine le paysage urbain. L'ensemble se distingue par son excellent état de conservation et ses vastes dimensions, faisant de l'hôtel l'une des références du classicisme naissant en France. Pierre d'Assézat connut des fortunes politiques mouvementées : converti au calvinisme, il fut dépossédé puis rétabli dans ses biens, soutint le parti protestant et abjura finalement avant de retrouver définitivement l'hôtel, où il mourut en 1581 ; la demeure resta dans sa famille jusqu'en 1761. Vendue en 1761 à Nicolas-Joseph Marcassus de Puymaurin, elle fit l'objet d'aménagements intérieurs et de modifications des fenêtres, puis passa ensuite entre plusieurs familles avant d'être acquise en 1894 par Théodore Ozenne, qui la légua à la ville afin d'y accueillir les sociétés savantes. L'hôtel abrite aujourd'hui le musée de la Fondation Bemberg, installé après le prêt en 1994 de la riche collection de Georges Bemberg, qui comprend quelque 1 100 œuvres — peintures, dessins, sculptures et objets d'art du XVe au début du XXe siècle — parmi lesquelles figurent des ensembles de Pierre Bonnard et des œuvres de Canaletto, Tiepolo, Cranach l'Ancien, Titien, Véronèse, Van Dyck, Monet, Toulouse-Lautrec, Degas, Cézanne, Matisse, Picasso et Braque. Il accueille également l'Union des académies et sociétés savantes, regroupant notamment l'Académie des Jeux floraux (fondée en 1323), la Société archéologique du Midi de la France, l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse (fondée en 1640), ainsi que des sociétés de médecine, de géographie et d'économie législative. Des campagnes de restauration engagées à partir de 1980 ont permis de préserver les bâtiments anciens et d'ajouter une extension moderne pour répondre aux nouvelles vocations culturelles. Classé monument historique en 1914, l'hôtel d'Assézat reste l'un des témoins les plus prestigieux de la Renaissance toulousaine.
