Origine et histoire de l'Hôtel d'Aurès
L'hôtel d'Aurès est un hôtel particulier du XVIIIe siècle situé au 14 rue Eugène-Lisbonne à Montpellier, dans l'Hérault. La démolition et la reconstruction de l'immeuble ont été autorisées en 1718 par les Grands-Voyers; le décor intérieur date de la période 1763-1780. La parcelle forme un quadrilatère et s'ouvre, en fond de terrain, sur une cour précédée d'un vestibule couvert d'un plafond en coupole ovale largement percé de grands arcs en anse de panier. La façade sur rue s'ouvre par un portail en plein cintre, dont l'entrée est ébrasée en niche entre deux pilastres ornés de tableaux et surmontée d'un entablement à fronton circulaire; la clé de l'arc est sculptée d'une tête et d'une coquille. L'archivolte porte un motif se terminant latéralement par une chute florale; de part et d'autre du portail, les murs présentent des refends et des fenêtres cintrées dont les clefs sculptées en consoles droites reprennent la tête et la coquille. Les façades sur cour sont rythmiques de pilastres; la porte centrale de la façade sud ouvre sur un escalier en vis et s'orne de pilastres nus portant de petites consoles décorées de perles et de chutes de feuilles. La clef de l'arc de cette porte représente une tête de femme qui supporte un grand vase godronné débordant d'un bouquet, encadré de guirlandes accrochées à des volutes; l'imposte en fer forgé présente un décor symétrique de volutes en C entrecroisées. À l'intérieur, deux pièces du rez-de-chaussée ont conservé leur décor de 1763 : un petit salon entièrement lambrissé et un ancien boudoir remarquable pour ses plafonds cintrés ornés de gypseries.
Au début du XVIIIe siècle la parcelle était divisée en plusieurs biens ; en 1718 Daniel Chaunel, conseiller du roi et receveur général du taillon, acquiert plusieurs de ces lots et, contraint par des prescriptions municipales sur le recul des façades, adapte son projet en réutilisant des éléments des structures existantes. La façade de la rue présente quatre fenêtres surmontées de mascarons masculins aux visages feuillus, interprétés par certains comme les quatre humeurs du corpus hippocratique, tandis que la grande porte cochère porte un mascaron féminin souriant, motif repris sur certaines clés d'arc du vestibule et de la cour. Le vestibule dessert un escalier monumental à limon porteur orné de ferronneries. Le 20 septembre 1763, Jean Pierre Aurès rachète l'hôtel au fils de Daniel Chaunel ; sa qualité de conseiller du roi et ses relations avec l'évêque de Toulouse expliquent que l'édifice porte son nom. Aurès entreprend des réaménagements intérieurs et met à jour les décors : le salon de gypseries évoque les saisons, avec des motifs floraux de style rocaille, quatre trophées composés de fruits, légumes et végétaux, et trois cadres muraux sur le thème de l'amour illustrés par l'iconographie antique de la déesse Vénus. En 1811 l'hôtel passe à l'armateur Jean Mercier, puis à la famille Jaumes, François Anselme Jaumes en devenant propriétaire en 1855 et léguant l'hôtel à son fils Alphonse sept ans plus tard. À la suite de la reconstruction de l'église Sainte-Anne, l'hôtel est exproprié pour cause d'utilité publique et devient propriété de la ville le 17 avril 1869 ; le projet de réaménagement du parvis est finalement abandonné en 1874 face à l'opposition des habitants. Aux XIXe et XXe siècles l'usage de l'édifice varie : la ville le loue comme appartement, le rez-de-chaussée accueille des services publics dont les Prud'hommes, le premier étage reçoit la Faculté de droit puis, au début du XXe siècle, le Conservatoire, tandis que le deuxième étage est mis à la disposition de la Société d'archéologie de Montpellier en 1892. À la fin du XXe siècle le Conservatoire occupe l'ensemble de l'édifice jusqu'à son déménagement en 2021 à la Cité des Arts; l'hôtel abrite aujourd'hui les bureaux du pôle Culture et Patrimoine de Montpellier Méditerranée Métropole. Depuis le 12 février 1951, les deux salons, l'escalier et ses ferronneries, les couvertures sur rue et cour, la façade principale, l'entrée et le vestibule sont inscrits aux monuments historiques.