Origine et histoire de l'Hôtel d'Espie
L'hôtel Courtois de Viçoze, dit aussi hôtel d'Espie, est un hôtel particulier situé au 3, rue Mage, dans le quartier Saint-Étienne de Toulouse ; il abrite actuellement le consulat de Belgique. Construit au XVIIIe siècle selon un plan classique entre cour et jardin, il est considéré comme l'un des plus beaux exemples d'architecture civile de cette époque à Toulouse. De la rue, un portail monumental dissimule la cour d'honneur. Les services sont disposés sur la rue, de part et d'autre de la porte à carrosses, tandis que le corps de logis central, à deux étages, s'ouvre par de hautes fenêtres cintrées tant sur la cour que sur le jardin; un avant-corps couronné d'un fronton rythme chaque façade par des pilastres encadrés de chaînages. Au rez-de-chaussée, cinq pièces de réception donnent sur le jardin; trois salons s'éclairent à la fois sur la cour et sur le jardin. Ces salons ont conservé leur décor d'époque Louis XV, avec cheminées en marbre, glaces, lambris et voussures ornées, et l'escalier à la française conserve sa rampe en fer forgé. L'hôtel fut entrepris à partir de 1750 pour Félix-François d'Espie, qui fit l'acquisition du vieil hôtel de la famille d'Aussargues pour y faire édifier son propre hôtel particulier. Il fit appel à l'architecte Hyacinthe de Labat de Savignac, qui expérimenta des procédés visant à limiter les risques d'incendie : plafonds en voûtes de briques plates cimentées au plâtre et remplacement des charpentes du toit par des cloisons de briques. Le tremblement de terre de Lisbonne en 1755 ruina la famille d'Espie; Félix-François se retira sur son domaine de Saint-Lys et l'hôtel fut vendu à Henri Auguste de Chalvet, marquis de Merville, qui fit achever les travaux grâce à la fortune de ses oncles. À la suite de difficultés financières, la demeure fut ensuite cédée au comte Justin MacCarthy-Reagh, qui acheva les travaux et y constitua une importante bibliothèque. Sous la Restauration, lorsque Louis XVIII remplaça le préfet de Limayrac par Augustin-Laurent de Rémusat, l'hôtel, domicile du préfet, devint le véritable siège de l'administration toulousaine, au détriment de la préfecture place Saint-Étienne. Il passa ensuite aux mains de la famille de banquiers Courtois de Viçoze. L'hôtel a été classé au titre des monuments historiques en 1992.