Origine et histoire de l'Hôtel d'Ulmo
L'hôtel dit de Jean de Ulmo, situé au 15 rue Ninau dans le centre historique de Toulouse, est un hôtel particulier élevé sur une importante bâtisse du XVe siècle. Il a été construit pour le magistrat Jean de Ulmo au cours de sa carrière parlementaire, entre 1526 et 1536. L'ensemble, bien que résultant de plusieurs campagnes de travaux, reste architecturalement très homogène. L'édifice est surtout connu pour abriter le premier escalier solennel droit toulousain à double volée, qui remplace la traditionnelle tour à vis médiévale. Cette innovation recentre l'organisation de la demeure autour d'un axe médian et modifie profondément sa distribution intérieure. L'accès à la galerie située au‑dessus de la porte d'entrée se fait par une tourelle latérale et par le corps de logis sud. Le dernier étage, couvert d'une voûte d'esprit gothique, devait se terminer par une terrasse. Dans le porche, un baldaquin de marbre surmonte le perron central ; il est accompagné de colonnes ioniques et d'un dôme à imbrications arrondies couronné d'un vase de fleurs. Les fenêtres ont perdu leurs meneaux en croix et certaines traverses semblent avoir été arrachées. La construction est principalement en brique, relevée par des bandeaux de pierre et des encadrements de fenêtres sobres ; les piédroits et linteaux présentent des matériaux et des épaisseurs variés (brique, pierre, assises alternées). Ces différences laissent supposer des remaniements, un changement de programme ou des contraintes de moyens. Jean de Ulmo, qui s'éleva jusqu'à la charge de premier président au Parlement de Toulouse, fut condamné pour corruption, dépossédé de son hôtel et emprisonné à Saint‑Malo. L'hôtel, bâti sur une vaste parcelle formée par l'achat de plusieurs maisons rue Ninau, suit le modèle de l'hôtel entre cour et jardin. Il semble qu'Ulmo se soit d'abord installé dans l'avant‑corps de l'aile gauche, puis ait étendu le corps de logis par une extension arrière et par la tour d'escalier ; sa devise DVRVM PATIENTIA FRANGO est gravée sur le linteau de la porte. L'édifice fut achevé par la construction du corps principal et de l'aile droite, peut‑être sous l'impulsion du propriétaire qui l'acquit après la déchéance d'Ulmo. En 1562 la propriété fut morcelée, détachant les numéros aujourd'hui 17 rue Ninau et 20 rue Saint‑Jacques. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l'hôtel passa entre les mains de divers parlementaires, dont le premier président Gaspard de Fieubet ; le baldaquin de marbre a peut‑être été aménagé pour lui. L'intérieur a été remis au goût du XVIIIe siècle avec l'installation de cheminées, de peintures murales et de parquets. Le percement du passage d'accès au jardin, réalisé au XVIIIe ou au XIXe siècle, a quelque peu bouleversé la distribution d'origine. Au XIXe siècle, trois bâtiments furent édifiés dans le jardin. L'hôtel conserve plusieurs éléments décoratifs, parmi lesquels le plafond en croisées d'ogives de l'escalier principal, des devises et des médaillons sculptés ainsi qu'une plaque rappelant la naissance du poète Jules de Rességuier. Le bâtiment a été inscrit au titre des monuments historiques le 16 juillet 1925.