Origine et histoire de l'Hôtel Dahus
L'ancien hôtel du capitoul Pierre Dahus, dit aussi hôtel Roquette ou tour Tournoer, est un hôtel particulier de Toulouse construit pour Pierre Dahus dans les années 1460-1470 ; il porte le nom de son premier propriétaire et a parfois été nommé à tort « hôtel Roquette » en raison d'une possession ultérieure par la famille de Roquette. L'édifice a été modifié au début du XVIe siècle puis remanié par Guillaume de Tournoer, président au Parlement, qui fit entreprendre la reconstruction de la tour en 1532 ; ces travaux, interrompus à sa mort, ne furent complétés qu'au XVIIe siècle. L'ouverture de la rue Théodore-Ozenne au début du XXe siècle a entraîné la suppression d'une partie du logis principal et la transformation d'un mur de refend en nouvelle façade. Inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1925, l'hôtel conserve des caractéristiques représentatives de l'architecture civile gothique toulousaine et des apports de la Renaissance. Le bâtiment, de plan rectangulaire, est élevé sur des caves voûtées et présente des fenêtres gothiques à croisillons du XVe siècle ainsi qu'un couronnement de faux mâchicoulis et de créneaux, signes d'ostentation seigneuriale. Une grande vis d'escalier en pierre, la plus vaste de ce type dans les hôtels toulousains de la Renaissance, s'enroule autour d'un noyau dont le pilier est rythmé par d'imposantes torsades moulurées. L'accès au sommet de la tour se fait par une tourelle accolée, dont l'encorbellement est assuré par une trompe conique appuyée sur un cul-de-lampe construit au XVIe siècle. Au rez-de-chaussée, l'une des caves, aménagée à la Renaissance, présente quatre voûtes surbaissées à quatre arêtes, séparées par des arcs-doubleaux reposant sur un pilier central ; ces voûtes ont remplacé d'anciens planchers en bois. La porte d'entrée de la tour, côté ouest, est ornée d'un décor sculpté articulé sur plusieurs niveaux : pilastres à chapiteaux corinthiens et ioniques, lions soutenant une urne funéraire en souvenir de Gabriel de Tournoer, frise de rinceaux, entablement portant un motif armorié et la devise latine des Tournoer, le tout surmonté de putti tenant une guirlande et une corne d'abondance. La tourelle latérale dessert des salles supérieures dont la première conserve un plafond à poutres peint au pochoir ; elle s'achève par une loge étroite percée de quatre fenêtres. Dans la cour, un puits dont la margelle est taillée en un seul bloc a conservé sa ferronnerie. Des détails sculptés, des gargouilles et des éléments Renaissance témoignent des phases de construction et des goûts successifs des propriétaires. Après son édification par Pierre Dahus, la maison passa à divers membres des familles de Roquette et de Tournoer, puis, à partir du XVIIe siècle, aux Cominihan, qui la possédèrent jusqu'au Premier Empire. Les restaurations du XXe siècle ont permis de restituer certains éléments gothiques, notamment des fenêtres à croisée, et de mettre en valeur les portails et décors sculptés de la tour.