Origine et histoire de l'Hôtel Daumesnil
L'ancien hôtel Daumesnil est un hôtel particulier situé au 23-25, place de la République à Caen (Calvados). Il a été construit au XVIIe siècle par le marchand Gaspard Daumesnil vers 1657-1658 sur la nouvelle place Royale ; le coût de l'édification a été estimé à 80 000 livres. Un procès fut intenté en raison du non-respect des règles de construction imposées pour la nouvelle place. À la mort de Gaspard Daumesnil, l'hôtel revient à Louis Lecoutelier, qui le vend en 1762 à Claude-Olivier Renoult d'Argouges, puis il est scindé en deux parties pendant la Révolution. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques le 1er juin 1927 ; cet arrêté est remplacé par un décret d'inscription plus précis le 29 novembre 2021. En 1928, Alexandre-Ludovic Laumonnier lègue à la ville la partie située au no 25 (aile sur la rue Lebret) à la condition d'en faire un musée, condition qui ne sera pas réalisée malgré l'apposition d'une plaque « musée Laumonnier ». En 1932 la percée de la rue Georges-Lebret, réalisée à l'emplacement des jardins, crée le passage entre la place et le boulevard des Alliés (actuel boulevard Maréchal-Leclerc) longeant l'hôtel. En 1939 le conservateur Louis-Édouard Garrido propose d'y établir un musée consacré aux peintres locaux, projet retardé par la guerre. L'édifice abrite ensuite successivement le bureau du chômage, des services de police et la distribution des cartes d'alimentation ; après 1944 il sert provisoirement de bibliothèque et de dépôt des œuvres du musée. Le tribunal d'instance et le conseil des prud'hommes s'y installent à partir de 1954. La communauté d'agglomération Caen la Mer a loué temporairement des locaux au no 23. Le tribunal est transféré en 2015 dans le nouveau palais de justice et, le 28 septembre 2015, le ministère de la Justice restitue les locaux à la Ville, qui les laisse vacants. La Ville lance une consultation en mai 2022 pour vendre les parcelles KW2 et KW5 ; pour permettre la cession, les locaux sont déclarés désaffectés et déclassés du domaine public en novembre 2024. Treize entreprises répondent à la consultation ; le choix final oppose la SCI Beauregard et la société LP 18 / SOTRIM, cette dernière possédant déjà les parcelles KW64 à 66 bordant le boulevard Maréchal-Leclerc. LP 18 propose la construction de volumes contemporains en prolongement des deux ailes de l'hôtel, proposition jugée incompatible avec le caractère patrimonial et l'enjeu de mise en valeur et d'ouverture de la cour. En décembre 2024 le conseil municipal vote la cession à la SCI Beauregard pour 2,3 millions d'euros ; la SCI doit aménager des bureaux et dix-neuf logements. Le projet, conçu par les architectes Aurélien Dufour (Agence BDF) et Constance Rocher, prévoit la restauration des façades, la conservation des toitures et des charpentes, et le maintien des circulations afin de préserver les caractéristiques originelles. Le petit bâtiment de deux niveaux situé au fond de la cour, qui abrite la chaufferie, doit être démoli et la cour commune, partagée par plusieurs propriétaires, sera mise en valeur. La promesse de vente doit être signée en janvier ou février 2025, la vente effective est prévue en novembre 2026, les travaux devant commencer en novembre 2027 pour une livraison fin 2029. Architecturalement, l'hôtel présente des façades en pierre de taille (pierre de Caen) et s'élève sur quatre niveaux au-dessus d'une cave : rez-de-chaussée, deux étages et combles sous toits à forte pente. Les bâtiments forment un U autour d'une cour centrale ; des jardins s'étendaient autrefois jusqu'à la Noë, affluent de l'Orne recouvert en 1860 (actuel boulevard Maréchal-Leclerc). La cour est accessible depuis la place par une porte cochère centrale et les combles sont éclairés par des lucarnes alternant chien-assis et œil-de-bœuf ; la symétrie de la façade sur la place est rompue par une cheminée décalée vers l'ouest. L'arrêté du 29 novembre 2021 protège la totalité des bâtiments du XVIIe siècle — le corps central (sept travées sur la place et quatre sur la cour) et ses deux ailes en retour d'équerre (aile est sept travées, aile ouest quatre travées — ainsi que les façades et toitures du petit logis en alignement de l'aile est sur trois travées et du prolongement de l'aile ouest sur sept travées, les vestiges de la clôture entre la cour et l'ancien jardin, l'assiette foncière de la cour et de l'ancien jardin (parcelles 2, 3, 4, 5, 64, 66 du cadastre section KW), la cour elle-même, un chapiteau dans la cour, une lucarne, les portes-cochères et les coquilles ornant les clés de voûte de la porte-cochère et de la porte du no 23.