Origine et histoire de l'Hôtel Particulier
L’hôtel de Beauvais, situé 68 rue François-Miron dans le 4e arrondissement de Paris, a été édifié à partir de 1655 et abrite aujourd’hui la Cour administrative d’appel de Paris ; il est classé au titre des monuments historiques en 1966. Le site conserve des fondations médiévales : une maison donnée en 1243 à l’abbaye de Chaalis a laissé place, au sol de la cour, à d’importantes caves gothiques datées du XVe siècle. La demeure actuelle fut construite à partir de 1654–1655 par Antoine Le Pautre pour Catherine Bellier, épouse de Pierre de Beauvais et femme de chambre de la reine Anne d’Autriche, surnommée Cateau la Borgnesse. Soucieuse de revenus, la commanditaire fit aménager quatre boutiques en façade au rez-de-chaussée et un entresol ; la façade est ornée de mascarons et de métopes portant têtes de lion et têtes de bélier. La composition du plan s’adapte à une parcelle irrégulière, ce qui explique la cour semi-ovale et le caractère singulier de l’ensemble. Le porche rappelle la journée du 26 août 1660, au cours de laquelle la reine-mère, Mazarin et Turenne assistèrent depuis un balcon à l’entrée solennelle des souverains à Paris ; il est surmonté des armes de France en souvenir de cet événement. Au XVIIIe siècle, l’hôtel fit l’objet de modifications architecturales confiées à Robert de Cotte puis à Jean‑Baptiste de Beausire pour la famille Orry, propriétaire à partir de 1706. En 1763–1764, l’hôtel fut loué au comte van Eyck, qui y logea la famille Mozart pendant leur première tournée parisienne ; le jeune Wolfgang, âgé de sept ans, résida alors au second étage et le clavecin de la comtesse fut transporté dans leur chambre. Saisi pendant la Révolution et transformé en bureau de diligences, l’immeuble connut par la suite de nombreuses modifications et locations tout au long du XIXe et du début du XXe siècle. Eugène Atget a réalisé une série de photographies de l’hôtel en 1902. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la mairie de Paris réquisitionna l’hôtel le 1er mars 1943 dans le cadre de la spoliation des familles juives ; la famille Simon fut déportée et l’un de ses membres, Morejno Simon, né le 7 juillet 1932, fut déporté vers Auschwitz et assassiné à son arrivée le 29 août 1942. Après-guerre l’immeuble servit de logements locatifs jusqu’au milieu des années 1980, puis il fut délaissé et fit l’objet de divers projets. Restauré sous la direction de l’architecte en chef des monuments historiques Bernard Fonquernie, l’hôtel a retrouvé son organisation initiale en supprimant des découpes d’étages ajoutées pour la rentabilité locative ; il accueille depuis 2004 la Cour administrative d’appel de Paris. L’intérieur présente une cour en forme de théâtre, un bel escalier en pierre à rampe de fer forgé et une porte principale avec une ouverture piétonne percée dans le vantail ; cinq portes ornées de mascarons correspondent aux anciennes écuries. Sous la cour subsistent des caves voûtées, vidées de gravats par des bénévoles dans les années 1970 et utilisées ponctuellement comme lieu de spectacle en 1974 ; on y aperçoit aussi les vestiges d’un autel, rappel probable des occupations ecclésiastiques antérieures. Quelques éléments d’intérieur ont été conservés : rares épaves du XVIIIe siècle dans les combles et vestiges du Premier Empire, notamment glaces, cheminées et pilastres. Grâce à sa cour théâtrale et à son architecture particulière, l’hôtel de Beauvais a servi de décor à plusieurs films et apparait récemment comme décor principal d’une série télévisée en 2024. L’accès public le plus proche se fait par la station de métro Saint‑Paul.