Hôtel de Blangy à Caen dans le Calvados

Patrimoine classé Patrimoine urbain Hotel particulier classé

Hôtel de Blangy à Caen

  • Hôtel de Blangy
  • 14000 Caen
Hôtel de Blangy à Caen
Hôtel de Blangy à Caen
Hôtel de Blangy à Caen
Hôtel de Blangy à Caen
Hôtel de Blangy à Caen
Crédit photo : Karldupart - Sous licence Creative Commons
Propriété d'un établissement public communal

Période

1ère moitié XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Les façades et les toitures (cad. KS 65) : inscription par arrêté du 29 août 2002 - Les deux salons du premier étage avec leur décor ; l'escalier avec sa cage (cad. KS 65) : classement par arrêté du 21 novembre 2003

Origine et histoire de l'Hôtel de Blangy

L'hôtel de Blangy, aussi appelé hôtel Marcotte, est le seul hôtel du XVIIIe siècle conservé dans le quartier Saint-Jean après les bombardements de 1944 à Caen. Sa construction, attribuée à Pierre François Le Viconte, baron de Blangy, remonte au début du XVIIIe siècle ; il fit édifier sa demeure rue de l'Engannerie en confiant les travaux à Blondel (identité non précisée). L'ensemble était formé de trois bâtiments en pierre de Caen totalisant 1 350 m² et organisés en U autour d'une grande cour donnant sur un jardin. Le pavillon sur rue comprenait une grande salle à manger, un office, deux chambres au premier étage et, sous les combles, cinq chambres de service ; une porte cochère donnait accès à la cour d'honneur. Sur le côté est se trouvait le corps de logis principal, avec les communs au rez-de-chaussée sur cave et les appartements privés et d'apparat au premier étage, tandis que le bâtiment en fond de cour abritait des chambres à l'étage et, au rez-de-chaussée, les écuries et remises ; une fumière était installée dans une petite cour arrière. L'hôtel resta dans la famille Le Viconte de Blangy jusqu'en 1816, puis passa successivement aux mains de madame Labbey de la Roque, des héritiers et, en 1858, de monsieur Legoux-Longpré, premier époux de madame Marcotte ; l'architecte départemental Léon Florentin Marcotte a ensuite habité l'hôtel, qui prit son nom. L'édifice a également abrité le siège d'une société d'encouragement pour l'amélioration du cheval demi-sang. En 1908, le bureau de bienfaisance de la ville de Caen, aujourd'hui le centre communal d'action sociale, acquit l'hôtel et y aménagea un dispensaire, une crèche et un aérium ; cette institution demeure propriétaire. Bombardé et sérieusement endommagé pendant la bataille de Caen en 1944, l'hôtel échappa néanmoins à la destruction complète. Dans la seconde moitié du XXe siècle, l'aile sur rue fut démolie en 1958 pour laisser place au foyer-résidence Victor Priout, et le bâtiment de fond de cour fut remplacé dans les années 1970 par une nouvelle aile accueillant une annexe du foyer et des services administratifs du CCAS. La façade du corps de logis principal présente un ordonnancement symétrique en trois travées, chacune percée de trois baies sur trois niveaux ; la travée centrale, légèrement surélevée, est encadrée de pilastres à bossage plat et couronnée d'un fronton, tandis que les travées latérales sont munies d'une toiture à la Mansart percée de lucarnes. Les baies du rez-de-chaussée sont en arc surbaissé avec clés de style rocaille, alors qu'à l'étage noble seules les ouvertures centrales reçoivent ce traitement ; une corniche sculptée sépare les niveaux des travées latérales. Cette ordonnance symétrique illustre la construction civile urbaine de l'époque classique ; les façades et les toitures font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques en 2002. L'intérêt principal de l'hôtel réside dans la décoration intérieure des deux salons du premier étage et dans l'escalier, dont le garde-corps en fer forgé porte des F croisés en référence à Pierre François de Blangy. Le premier salon présente des panneaux décoratifs alternant rectangles au‑dessus des portes et ovales au‑dessus des glaces, avec des motifs en relief représentant instruments de musique et branchages ou corbeilles de fleurs ornées d'oiseaux. Le Grand salon conserve des couronnements de glaces ornés de médaillons à instruments et, au‑dessus des quatre portes à deux vantaux, des compositions allégoriques peintes par Charles-Joseph Natoire représentant l'Histoire, la Poésie, la Peinture et la Sculpture. Le trumeau d'une haute glace est orné d'une toile montrant un vase d'orfèvrerie débordant de fleurs, attribuée à Jean‑Baptiste Monnoyer ou à Jean‑Baptiste Belin de Fontenay. Les chinoiseries du Grand salon, de facture française mais inspirées des traditions picturales chinoises, mêlent paysages empruntant aux shanshui et personnages aux physionomies et costumes français, parfois apparentés à des compositions de Watteau ; ces panneaux, au grand attrait, semblent former un ensemble en relief offrant une perspective plate à partir d'éléments répétés. Ces six panneaux ont probablement été réalisés à Paris par les ateliers des frères Martin ; ils furent exécutés sur lambris préparés d'une sous-couche brique, esquissés, rehaussés en relief par une pâte à papier diminuant en épaisseur vers le haut pour créer la perspective, partiellement dorés puis peints, et enfin couverts d'un vernis Martin destiné à imiter la laque chinoise. Ces œuvres ont été restaurées en 1970, les retouches maladroites ayant été reprises en 2000 et achevées en 2002. Le décor des deux salons et l'escalier, précédemment classés à titre d'objet en 1919, ont vu ce classement abrogé et remplacé par l'arrêté de classement du 21 novembre 2003 portant sur les deux salons avec leur décor ainsi que sur l'escalier et sa cage.

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