Origine et histoire de l'Hôtel de Bonfontan
L'ancien hôtel de Bonfontan est un hôtel particulier situé au n° 41 de la rue Croix-Baragnon, dans le centre historique de Toulouse. Sa construction intervient entre 1767 et 1771 pour le marquis de Bonfontan, et des travaux se poursuivent jusqu'en 1781. De style néo-classique dit « à la grecque » et marqué par le style Louis XVI, l'édifice présente toutefois des décors hérités du rocaille, notamment dans l'abondance du décor sculpté et le traitement des ferronneries. L'imposante façade sur rue et les garde-corps en fer forgé signés Bernard Ortet sont particulièrement remarquables ; l'inscription « ORTET FECIT ANNO 1771 » figure sur un balcon. La façade et les ferronneries sont protégées au titre des monuments historiques depuis 1925.
Le site occupe une parcelle qui avait appartenu aux Balbaria du XVIe au XVIIe siècle, où l'on rencontre notamment Guiraud puis Jean de Balbaria. En 1767, Philippe de Bonfontan acquiert l'ensemble et conclut avec les capitouls un échange de terrain : il accepte de reculer la façade de son futur hôtel en contrepartie d'une parcelle cédée en fond de jardin, afin d'élargir la rue Croix-Baragnon. Philippe de Bonfontan, issu d'une vieille noblesse gasconne alliée à la noblesse ariégeoise des Lissac, a d'abord mené une carrière militaire avant de revenir à Toulouse ; il est capitoul entre 1786 et 1790, participe à l'assemblée des notables convoquée à Versailles en 1787 et aux préparatifs des États généraux de 1789, puis émigre en 1793.
L'hôtel s'implante à l'angle des rues Croix-Baragnon et des Trois-Banquets, mais la façade sur Croix-Baragnon, visible depuis la place Saint-Étienne, est la plus soignée. Elle compte sept travées sur deux étages, strictement symétriques, les trois travées centrales formant une légère saillie. Le rez-de-chaussée en pierre de taille présente des bossages et une porte cochère décentrée ; la porte en menuiserie et son heurtoir datent du XVIIIe siècle. Les étages, construits en brique et alors blanchis d'un enduit de chaux pour imiter la pierre, montrent des ouvertures ornées d'agrafes et de décors de feuillage ; les deux larges travées centrales sont sculptées de têtes. Les trois travées centrales sont encadrées par deux pilastres colossaux doriques à bossages, reliés par une architrave et surmontés d'une frise d'ordre dorique avec triglyphes. Les garde-corps en fer forgé, au décor géométrique et feuillagé de style rocaille, ornent les fenêtres des premier et deuxième étages, tandis que la façade est couronnée d'une corniche à modillons et de gouttières en plomb décorées d'une frise de grecques.
La façade sur la rue des Trois-Banquets est traitée plus simplement et enduite ; un balcon en fer forgé court au premier étage et le portail d'origine au rez-de-chaussée a été fermé. Le bâtiment principal et ses corps de logis entourent une cour centrale rectangulaire ; les élévations sur cour sont régulières et homogènes. L'aile est, étroite et surmontée d'une terrasse, permet de compenser la dissymétrie de la parcelle.