Origine et histoire de l'Hôtel de Bonnefoy
L'hôtel de Bonnefoy, situé 19 rue Croix‑Baragnon à Toulouse, a été construit par Bérenguier Bonnafède (ou Bonnefoy), capitoul en 1513, sur la base d'un édifice plus ancien. La cour conserve une tour polygonale en briques abritant un escalier à vis et ornée d'un décor qui marque la transition entre le gothique et la Renaissance ; ce décor est daté autour de 1513‑1514. Des traces de baies géminées outrepassées, mises au jour lors d'une restauration au début du XXe siècle, témoignent d'éléments antérieurs remontant au XIVe siècle. La façade sur rue rassemble des apports de plusieurs périodes : des vestiges médiévaux, des remaniements probables du début du XVIe siècle et des reprises aux XVIIe et XVIIIe siècles. Deux inscriptions latines sur des clés d'arc confirment des campagnes de travaux au XVIIIe siècle : FIXA POLO REQUIES 1729 sur la clef de l'arcade donnant sur la rue et UNI SUSPIRO 1730 sur la clé de la porte ouvrant sur la cour. Dans la tour, les fenêtres à encadrement de pierre mouluré sont surmontées d'arcs en accolade et de tympans sculptés portants des emblèmes religieux — hostie, monogramme IHS, figures divines et un mouton qui renvoie au nom de Bonnefoy. Le quatrième tympan présente un buste d'homme, peut‑être le Père éternel, le troisième porte le monogramme IHS et la salutation Ave Maria, et le deuxième montre un lion soutenant un blason pouvant évoquer le mouton des armes de Bonnefoy. Le tympan de la première fenêtre a été martelé, sans doute à la Révolution, et certains modillons reproduisent des bustes féminins dans le goût de la première Renaissance. Le rez‑de‑chaussée est voûté d'ogives ; une salle conserve deux croisées d'ogives séparées par un arc doubleau, dont les culots sculptés de monstres et de visages grotesques sont peut‑être liés au décor de l'escalier du XVIe siècle. L'élévation sur rue, divisée en travées irrégulières et couronnée d'une corniche moulurée, présente au premier et au deuxième étage des fenêtres segmentaires résultant de campagnes de reprises. Au Moyen Âge, le site dépendait d'une maison à façade sur la rue Tolosane qui, en 1477, appartenait au changeur Bertrand de La Jugie ; par dot, l'immeuble entra ensuite dans le patrimoine de la famille Bonnefoy. Bérenguier Bonnefoy fit édifier son hôtel et sa tour en 1513 ; la propriété passa par héritages et ventes aux familles Bonnefoy, Labat et Lacaze, avec des séparations de corps de bâtiments aux XVIIe et XVIIIe siècles. Jean‑Jacques Lacaze de Rochebrun, capitoul en 1729‑1730, fit apposer son blason sur un tympan de la tour et grava sa devise « Uni suspiro » sur la porte du corridor. La tour capitulaire a été inscrite aux monuments historiques en 1950. En 1957, l'hôtel fut acquis par Roger Amalric, qui entreprit une restauration récompensée en 1975 par une médaille des Toulousains ; l'édifice est resté dans cette famille.