Origine et histoire de l'Hôtel Particulier
L’hôtel de Broglie-Haussonville est un hôtel particulier situé dans le 7e arrondissement de Paris, au 35 rue Saint-Dominique ; il est parfois confondu dans la littérature avec l’hôtel de Broglie du 73 rue de Varenne. Il fait partie des quelque cinquante hôtels particuliers encore conservés du Faubourg Saint-Germain, ancien quartier qui en comptait plus de deux cents sous la Restauration. Les origines du site remontent à plusieurs transactions aux XVIIe et XVIIIe siècles : le terrain est acquis en 1613 par Robert Mauqueron et sa femme, puis vendu en 1624 à Nicolas Pon et Michelle Marqueret, et réuni avec une parcelle voisine avant d'être cédé en 1625 à Jehan Querver, qui y effectue des améliorations. En 1631 la propriété passe à Simon Janot et sa femme, qui reprennent la rente due à Pon. À partir de 1694 Charles-Guillaume de Broglie loue la maison ; son frère Achille en fait l’acquisition en 1720. Entre 1720 et 1726 la maison est démolie pour laisser place à l’hôtel qui subsiste aujourd’hui. Une maison rue de Bourgogne, construite en 1724 par les Carmélites de la rue de Grenelle, est louée à divers locataires au cours du XVIIIe siècle. À la Révolution les biens des Carmélites sont saisis comme biens nationaux et adjugés : en février 1791 Marie-Françoise de Broglie, comtesse de Lignerac, acquiert la maison, puis, en mai 1793, se porte adjudicataire de deux terrains provenant des couvents de la rue de Grenelle et de Bellechasse, qu’elle récupère par l’intermédiaire de mandataires. Le médecin Jean‑Nicolas Corvisart achète ensuite l’hôtel et le terrain sans la maison de la rue de Bourgogne pour 170 000 francs et le restaure en traçant notamment les jardins. En 1818 Jeanne‑Marie‑Thérèse Falcoz de La Blache, comtesse d’Haussonville, achète la propriété et complète ses acquisitions en 1828 par des lots supplémentaires provenant de l’ancien chantier de Bellechasse, si bien que la demeure atteint son plus grand développement historique avec l’achat, en 1836, de la maison du 13‑15 rue de Bourgogne par Charles Louis Bernard de Cléron d’Haussonville. François‑René de Chateaubriand fréquente assidûment l’hôtel, souvenir rapporté par Joseph d’Haussonville. Au milieu du XIXe siècle Joseph d’Haussonville vend une portion sud du jardin en prévision de l’ouverture de la rue Las‑Cases ; une expropriation intervient en 1855 et la maison de la rue de Bourgogne est démolie puis reconstruite en 1855‑1856 ; des transformations sont réalisées en 1856 par Hippolyte Destailleur. En 1869 le comte d’Haussonville cède deux parcelles situées à l’est de la propriété, vendues à Arthur de La Panouse et à Joseph‑Armand de Bonneval, qui y font bâtir des hôtels particuliers, et en 1878 l’ensemble adopte l’adresse actuelle du 35 rue Saint‑Dominique. En 1882 Aymard de Nicolay acquiert la propriété et entreprend d’importants travaux d’agrandissement et de réaménagement : élévation et modification des façades, suppression et réaménagement de pièces pour installer un grand escalier, création d’une marquise et d’une aile est, aménagement d’écuries, restauration des éléments décoratifs et enrichissement des intérieurs qui deviennent le cadre de réceptions somptueuses. À sa mort en 1918, la propriété revient à sa fille, la comtesse de Contades. Après la guerre, la société foncière D.B.C. (Dominique, Bourgogne, Las‑Cases) reçoit l’hôtel en apport de la comtesse en 1921 et le loue en fractions à diverses compagnies minières et industrielles ; la société achète séparément l’immeuble de la rue de Bourgogne. La superficie totale est alors d’environ 3 600 m2, dont 1 310 m2 bâtis, et les façades donnent sur la rue Saint‑Dominique (73 m), la rue de Bourgogne (50 m) et la rue Las‑Cases (59 m). Pour transformer la demeure en bureaux, on conserve les salons du rez‑de‑chaussée, on installe un grand escalier, on supprime la marquise, on transforme la verrière en salle de réunion et on reconvertit remises et écuries en locaux utiles, dont une bibliothèque ; un garage est aménagé en 1926‑1927 et, entre 1924 et 1928, deux bâtiments sont édifiés aux abords, réduisant le jardin et entraînant l’abattage de plusieurs arbres appréciés sous Corvisart. Le jardin est endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale mais retrouve plus tard deux pelouses et quelques beaux arbres, dont un noyer d’Amérique ancien. Entre 1945 et 1951 l’hôtel est réservé par des ministères et il accueille à partir de 1945 la direction générale de l’Administration et de la Fonction publique, qui quitte l’hôtel de Cassini en 1976. Au fil des décennies, il reçoit divers services et personnalités ministérielles, des cabinets et commissions, et fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques par l’arrêté du 29 novembre 1993 portant sur l’antichambre et l’enfilade de quatre salons du rez‑de‑chaussée de l’aile est. En 2008 sa valeur vénale est estimée à 42 150 576 €. Mis en vente par l’État puis acquis par l’Assemblée nationale pour 63 millions d’euros, l’hôtel fait l’objet de travaux visant une rénovation thermique et écologique, confiés à AIA Life Designers en collaboration avec l’agence Deshoulières Jeanneau pour la conservation patrimoniale ; les aménagements ont permis la création de soixante‑dix bureaux doubles, de six salles de réunion, d’un espace de coworking et la mise aux normes de sécurité et de performance énergétique (certification HQE), tout en restaurant façades, toitures et salons historiques. L’ensemble a été livré et inauguré sous l’appellation « Bâtiment Olympe de Gouges » le 14 novembre 2023 par Yaël Braun‑Pivet, présidente de l’Assemblée nationale.