Origine et histoire de l'Hôtel de Caumont
L'hôtel de Réauville, aussi appelé hôtel de la Tour d'Aigues ou de Caumont, est un hôtel particulier du quartier Mazarin à Aix-en-Provence, classé au titre des monuments historiques le 16 février 1990. Construit au XVIIIe siècle d'après des plans de Robert de Cotte et avec l'intervention de Georges Vallon, il a appartenu à plusieurs générations de la famille Réauville avant de passer aux Bruny de La Tour-d'Aigues puis aux de Caumont. L'édifice, d'une superficie totale d'environ 2 500 m², a abrité le conservatoire de musique de 1970 jusqu'à sa cession, puis a été restauré pour devenir le Caumont Centre d'Art. La ville d'Aix-en-Provence en fit l'acquisition au XXe siècle avant sa vente à Culturespaces, qui a conduit une importante campagne de restauration et a rouvert le lieu en tant que centre d'art en 2015.
L'entrée s'effectue par un porche en pierre sculptée ouvrant sur une cour d'honneur; deux mascarons figurent aux abords et la grille d'entrée est en fer forgé. La façade, en pierre de taille (molasse), présente une composition classique à trois niveaux sur sous-sol, avec un avant-corps rythmé par des pilastres doriques et ioniques, un balcon à grille ouvragée et un fronton triangulaire. La clef de la porte, ornée d'un masque de faune, et la frise allégorique des métopes sont l'œuvre de sculpteurs du XVIIIe siècle; la grille du balcon porte le cerf courant, emblème apposé par la famille de Bruny. La toiture à longs pans, ponctuée d'un toit polygonal central, est recouverte de tuiles creuses.
L'intérieur respecte la tradition des demeures du XVIIIe siècle, avec un sous-sol constitué d'une cave voûtée et un rez-de-chaussée aux sols en damier de marbre blanc et noir. Un escalier monumental, doté d'une rampe en fer forgé, relie les niveaux; sa cage est ornée d'atlantes soutenant le premier palier et séparées par un mascaron aux armes des Bruny. Une fontaine en marbre témoigne des aménagements d'eau, rendus possibles par des canalisations installées au XVIIIe siècle. Les pièces présentent des décors en gypseries mettant en scène personnages mythologiques, putti et allégories, ainsi qu'un mobilier d'époque comprenant meubles Louis XV, consoles, guéridons et cheminées en marbre.
La grande galerie, décorée d'ornements et de peintures, offre une vue sur le jardin et servait de lieu de réception et de préambule aux promenades extérieures. Le premier étage abrite la pièce la plus richement décorée, ornée de gypseries dorées et meublée d'instruments et de mobilier anciens — harpe, mandoline, bureau à cylindre, lit à la polonaise, ainsi que tableaux et portraits d'époque — qui évoquent la qualité des aménagements intérieurs. Parmi les œuvres mentionnées figurent des peintures attribuées à Antoine Rivalz et Caspar Netscher, ainsi que des portraits de membres de la famille.
Les jardins respectent la tradition française, composés de tracés géométriques, de jeux d'eau et de massifs ordonnés. Le jardin haut, prolongement de la grande galerie, s'organise autour d'un bassin circulaire et de parterres de gazon ponctués de buis; le jardin bas, inspiré d'un dessin de Robert de Cotte, s'articule autour d'une palmette végétale et comprend la fontaine dite des Trois Tritons, des ifs, des rosiers et des chênes verts.
Depuis sa restauration et sa réouverture comme centre d'art, le lieu accueille des expositions temporaires d'envergure consacrées à des artistes et collections internationales, parmi lesquelles des accrochages consacrés à Canaletto, Turner, Marilyn Monroe, Botero, Nicolas de Staël et Marc Chagall. Le site intègre désormais des espaces d'exposition temporaires, une reconstitution d'intérieurs d'époque, un jardin à la française et un salon de thé proposant également de la restauration.
