Origine et histoire de l'Hôtel Particulier
L’hôtel de Chalon‑Luxembourg, situé au 26 rue Geoffroy‑l'Asnier dans le quartier du Marais (4e arrondissement), est un hôtel particulier édifié au début du XVIIe siècle (à partir de 1623; certaines sources indiquent 1625). Propriété de la Ville de Paris, il a été classé monument historique en 1977.
Le terrain, autrefois appartenant à Antoine Le Fèvre de la Borderie puis à son gendre Robert Arnauld d’Andilly, accueillait un jeu de paume et une petite maison avant la construction de l’hôtel pour Guillaume Perrochel, maître d’hôtel du roi ; l’architecte demeure inconnu. Bâti sur une parcelle étroite, l’ensemble en brique rose, pierre blanche et toit d’ardoise, de style Louis XIII, se compose de deux corps accolés, profonds d’une pièce, répartis sur deux étages et combles, chacun couvert par une toiture à deux pans. Loué un temps à une famille Chalon, négociants rouennais, il fut acquis en 1658 par Marie Amelot de Béon‑Luxembourg, qui fit ajouter deux refends latéraux côté jardin et fit édifier le portail somptueux sur la rue ainsi que les bâtiments des communs formant une cour ; un petit jardin est aménagé de l’autre côté.
Après la mort de Marie Amelot en 1702, l’hôtel resta dans la famille jusqu’en 1762, puis passa entre plusieurs mains : acheté par une dame Lelong, revendu en 1770 à Roger de Gadencourt pour 60 000 livres, cédé en 1779 à Claude Pollissard pour 80 000 livres et conservé par cette famille jusqu’au début du XXe siècle. Le peintre‑caricaturiste Charles Huard en fit ensuite l’acquisition ; le rez‑de‑chaussée fut loué en 1915 au poète Gabriele D’Annunzio pour moins d’un an. Les Huard finirent par abandonner l’hôtel après l’avoir dépouillé de son mobilier et de ses boiseries.
Un propriétaire suivant acheta l’édifice pour un franc symbolique en s’engageant à le restaurer : l’architecte Jean Walter, qui le donna à la Ville de Paris en 1948. Classé en 1977, il fut partiellement restauré en 1990 et abrita pendant quelques années la Commission du Vieux‑Paris. L’état de l’hôtel se dégrada ensuite : l’escalier d’honneur menaçait de s’effondrer, l’édifice fut fermé et placé en cours de sauvetage. Après des squats et une tentative de vente avortée, un bail emphytéotique de 99 ans a été prévu pour le Mémorial de la Shoah, porté par Éric de Rothschild, qui envisage d’y installer des services administratifs.
Parmi les éléments remarquables figurent le portail sur la rue avec son tympan (la graphie « Chalon » sans « s » y est indiquée), la façade principale sur cour et une cheminée en faïence du XVIIe siècle. Le site est desservi par la station de métro Saint‑Paul.
La bibliographie citée comprend notamment Jean‑Marie Pérouse de Montclos (Le Guide du Patrimoine: Paris), Michel Poisson (Paris Monuments) et le Bulletin de l’Association pour la sauvegarde et la mise en valeur du vieux‑Paris (n°52, 1982).
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