Origine et histoire
L'hôtel de Charnières-Louet est un hôtel particulier du XVIe siècle situé à Angers, place Louis-Imbach (nos 31–35). Construit vers 1558 par les architectes angevins Jean Delespine et Jean Guillot pour René de Charnières, il illustre l'habitat urbain de la seconde Renaissance angevine. Édifié sur un plan en U, il s'organise entre une cour côté sud‑ouest et un jardin côté nord‑est, avec des pavillons symétriques sur la cour et un grand corps de logis en fond de cour. L'escalier principal en pierre, à rampe‑sur‑rampe, est d'origine. La grande salle du rez‑de‑chaussée et la chambre droite du premier étage conservent des peintures murales et des plafonds peints datés de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle, aujourd'hui partiellement détruits. René Louet, lieutenant particulier au présidial et maître des requêtes du duc d'Anjou, acquiert la demeure en 1587 par mariage avec Lucrèce Thévin, petite‑fille de René de Charnières ; la famille Louet y demeure jusqu'à la Révolution. Charles Louet, son fils, agrandit la cour antérieure et fait édifier en 1644 une remise à carrosses et une écurie contre le pavillon droit ; ses armes et celles de sa femme Anne Joubert sont peintes sur l'intrados d'une fenêtre de la grande salle. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, leur fils Guillaume Louet entreprend une nouvelle décoration murale dans la grande salle, dont subsiste un portrait en médaillon d'époque Louis XIV. Un procès‑verbal de 1678 signale côté jardin la construction récente d'une galerie d'environ douze mètres et la réédification de deux pavillons, aménagements aujourd'hui disparus. À la fin du XVIIIe siècle, Mélanie‑Françoise Louet, dame Du Pineau, fait remanier ouvertures, distribution intérieure et cheminées ; le salon, recomposé dans une partie de la grande salle, reçoit des lambris de hauteur sculptés vers 1775 par Le Romain, vendus en 1900. Le balcon de la façade principale et la grille du portail sont du XVIIIe siècle, mais ont été rapportés ultérieurement. La démolition de l'enceinte urbaine au début du XIXe siècle prolonge le jardin jusqu'au boulevard et crée un second accès ponctué de deux pavillons élevés en 1818 ; la remise de 1644 est probablement détruite lors du percement de la rue Botanique vers 1835. Dans la seconde moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle, la destruction des communs, la réduction en profondeur de la cour et du jardin, la construction d'immeubles en bordure du boulevard et des aménagements secondaires altèrent le logis ; les lucarnes et la modénature des élévations antérieures sont simplifiées. Au XXe siècle, les peintures de la grande salle subissent des destructions successives et ne subsistent aujourd'hui que quelques fragments. L'édifice demeure une œuvre majeure de Jean Delespine dans le domaine de l'habitat urbain angevin.