Origine et histoire de l'Hôtel Particulier
L'hôtel de Chenizot est un hôtel particulier situé sur l'île Saint-Louis, aux 51 et 53 rue Saint-Louis-en-l'Île ; il remplace une ancienne demeure du début du XVIIe siècle. Il a été acquis en 1719 par Jean‑François Guyot de Chenizot, receveur général des finances à Rouen, qui fit appel à l'architecte Pierre Vigné de Vigny pour installer un balcon et orner les façades sur rue et sur cour. Madame Tallien y résida avec son premier mari, M. de Fontenay, de 1788 jusqu'à son exil à Bordeaux en 1793. Après le saccage de l'archevêché près de Notre‑Dame en février 1831, l'État loua l'hôtel le 11 septembre 1840 pour neuf ans à sa propriétaire Émilie Lafond (épouse de Pierre Paillot) afin d'y loger l'archevêque Denys Affre, pour un loyer de 12 000 francs par an. Mortellement blessé près d'une barricade lors des journées de juin 1848, Affre reçut les hommages des Parisiens à l'hôtel devenu palais épiscopal avant ses funérailles à Notre‑Dame. En 1849, son successeur Marie Dominique Auguste Sibour quitta les lieux pour l'hôtel du Châtelet, 127 rue de Grenelle, où les archevêques demeurèrent jusqu'en 1906. L'État loua de nouveau l'hôtel le 19 février 1850, pour 12 850 francs par an, et y installa l'état‑major de la 1re Légion de gendarmerie (Seine, Seine‑et‑Marne, Seine‑et‑Oise), qui occupa les lieux jusqu'en 1862. Le jardin situé derrière l'hôtel fut vendu en 1863. L'édifice est depuis longtemps divisé en habitations particulières ; l'un de ses occupants fut le métaphysicien René Guénon, qui y vécut dans un appartement de 1904 à 1930. L'hôtel a été classé au titre des monuments historiques en 2002 et la première phase de sa rénovation s'est achevée en août 2013. L'ensemble comprend deux cours alignées et reliées par des porches ; la composition extérieure comporte un balcon au‑dessus de la porte, des façades ornées de mascarons, de chimères et de moulures, ainsi que d'autres éléments décoratifs. La seconde cour, la plus éloignée de la rue, conserve divers bâtiments liés à d'anciennes activités industrielles légères de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle (fabrication de cadres d'abat‑jour notamment) et fait l'objet d'une étude pour la conservation de certains éléments ; l'une de ses façades porte un cadran solaire comparable à celui de l'hôtel de Lauzun. L'intérieur se signale notamment par son escalier. Parmi les personnalités liées au bâtiment figure Félix de Pachtère (1881‑1916), archéologue et professeur d'histoire, dont le nom est inscrit au Panthéon parmi les 560 écrivains morts au combat pendant la Première Guerre mondiale.