Origine et histoire de l'Hôtel Particulier
L'hôtel de Coislin est un hôtel particulier du XVIIIe siècle situé dans le 8e arrondissement de Paris, à l'angle de la rue Royale et de la place de la Concorde. En 1758, le roi Louis XV chargea son architecte Jacques-Ange Gabriel de concevoir deux façades symétriques de part et d'autre de la rue Royale ; la façade orientale devint l'hôtel du Garde-Meuble, tandis que l'emplacement prévu pour la Monnaie fut finalement délocalisé, et le terrain derrière la colonnade occidentale divisé en quatre lots destinés à l'édification d'hôtels particuliers. L'hôtel de Coislin, construit en 1770 par Jacques-Ange Gabriel, a été commandé par Marie-Anne de Mailly-Rubempré, marquise de Coislin. Le 6 février 1778, il accueillit la signature des traités d'amitié, de commerce et d'alliance entre la France, représentée par Conrad Alexandre Gérard, et les États-Unis, représentés par Benjamin Franklin, Silas Deane et Arthur Lee, accords par lesquels la France reconnaissait l'indépendance des États-Unis et s'engageait à leur apporter un soutien militaire. Une plaque apposée à l'angle de la place de la Concorde et de la rue Royale rappelle cet événement et les signataires. L'écrivain Chateaubriand y vécut comme locataire de 1805 à 1807. En 1866, le Cercle de la rue Royale, un cercle masculin de la haute bourgeoisie, s'installa dans l'hôtel ; un groupe de ses membres fut peint par James Tissot en 1868, œuvre acquise par le musée d'Orsay en 2011. Transformé en 1920 en bureaux pour la Société maritime des pétroles, l'immeuble conserva cette destination et a ensuite accueilli, entre autres, les bureaux de la Morgan Guaranty Trust et d'autres sièges sociaux. Les façades furent classées au titre des monuments historiques le 31 mai 1923, et le grand salon l'était le 29 janvier 1962. En 2002, l'hôtel fut acquis par le fonds Qatar Investment Authority, puis par la fondation néerlandaise Mayapan, et fit l'objet de importants travaux de restructuration à la fin de 2003, dirigés par l'architecte Jean-Michel Wilmotte.
Sur le plan architectural, l'hôtel forme, avec l'hôtel de Crillon, un pavillon d'angle à l'extrémité d'un portique de douze colonnes d'ordre corinthien. Sa façade comporte trois travées et un portique où quatre colonnes portent un entablement couronné d'un fronton ; les trumeaux extérieurs présentent des niches inoccupées, des médaillons et des trophées sculptés. L'étage noble est souligné par une balustrade et le second étage décoré de guirlandes sous les appuis de fenêtre. Le fronton porte une allégorie intitulée Le Progrès du Commerce : une femme couronnée de perles, de corail et de fruits, appuyée sur un ballot, tenant un caducée, entourée d'objets maritimes et commerciaux comme jarres, ballots, ancre et gouvernail. Une réplique des deux corps de bâtiment de la place de la Concorde a été réalisée à Philadelphie par Horace Trumbauer et Julian Abele ; l'un de ces bâtiments, copie de l'hôtel de Coislin, abrite la Free Library of Philadelphia, tandis que l'autre reproduit le pendant qu'occupe l'hôtel de la Marine.