Origine et histoire de l'Hôtel de Francheville
L'ancien hôtel de Francheville, aussi appelé hôtel Mynier ou hôtel Minier, est un hôtel particulier situé à Vannes, à l'angle de la place des Lices et de la place du Poids-Public. Le bâtiment, construit en tuffeau et en granit dans la seconde moitié du XVIIe siècle, doit son nom à Julien Mynier, marchand. Il conserve une échauguette en pierre pentagonale à coins arrondis, appuyée sur trois trompes séparées par deux consoles à quatre encorbellements décorés de coquilles. Les éléments dégagés lors d'une restauration au début du XXIe siècle témoignent d'un bâti plus ancien : une cheminée et un mur gouttereau nord homogène avec ouvertures, ainsi que des traces de fixation des aisseliers sur les poutres du rez-de-chaussée indiquant un encorbellement primitif de la façade sur la place du Poids-Public, ensuite rendu à l'aplomb du rez-de-chaussée. La réfection d'une charpente datée du XVIIe siècle a révélé la réutilisation d'un élément de pan de bois, peut‑être issu de la façade antérieure. L'observation des façades laisse apparaître deux campagnes distinctes : la façade sur la place des Lices présente un caractère typologique du XVIIe siècle, tandis que les ouvertures de la façade sud, sur la place du Poids-Public, ont été remaniées au début du XVIIIe siècle, travaux éventuellement réalisés par le propriétaire suivant, Jean Alquier, sieur de Mézerac, capité à cet endroit en 1733. Une partie de l'emplacement était, selon les archives, occupée avant 1662 par les familles Guydo et Le Meilleur et, au Moyen Âge, par la maison de Robert de Callac, maître d'hôtel de la duchesse, comprenant alors une large maison à pan de bois ouverte sur la place du Poids Public avec cour, galerie et écurie. Avant l'acquisition de l'ensemble en 1665 par Julien Mynier, une tierce partie de la maison avait été vendue en 1662 pour 1 420 lires ; un procès‑verbal de 1666 atteste le projet de démolir et de rebâtir les parties arrière pour agrandir la maison vers le nord, et un marché conclu en 1667 confirme l'engagement des travaux. La réformation de 1677 situe la porte d'entrée vers l'est et mentionne un jardin à cet emplacement, aujourd'hui remanié par la voirie, ainsi qu'une venelle commune à l'ouest entre cette maison et deux propriétés de monsieur de Francheville. La propriété resta dans diverses familles : après les Mynier elle fut détenue par la famille Alquier jusqu'en 1759, puis vendue à la famille Le Mintier de Lehellec, acquise en 1881 par monsieur Le Corvec, transmise ensuite à M. Richard puis cédée en 1925 à monsieur Allioux. En 1927, Allioux fit entreprendre une transformation de la façade est sur des plans de l'architecte Alfred Charron ; seule la moitié nord de ce projet fut réalisée. L'échauguette et la toiture ont fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques le 25 janvier 1929, protection motivée par des travaux de consolidation engagés alors par le propriétaire. La fragilisation de l'immeuble, liée à l'instabilité du sol, à la présence de l'échauguette, au vieillissement et à l'aménagement de commerces au rez-de-chaussée, a conduit à des interventions répétées : une dalle de béton fut coulée pour consolider l'échauguette dans les années 1950 et un enduit fut appliqué sur la façade ; une restauration importante en 1978 utilisa également du béton pour consolider l'échauguette. Un arrêté de péril fut pris en 2001 lorsque l'enduit commença à se détacher et à entraîner des pierres, et, après une décennie pendant laquelle l'édifice fut protégé par un pare-gravats et un échafaudage, des travaux de consolidation des fondations et de ravalement de la façade furent entrepris en 2013. Une protection métallique entourait l'échauguette jusqu'en 2015 en attendant ces travaux. Par arrêté du 27 juillet 2016, les façades et toitures ainsi que la cage d'escalier ont été inscrites au titre des monuments historiques.