Origine et histoire de l'Hôtel de Heu
L’hôtel de Heu est un hôtel particulier de Metz, situé 19 rue de la Fontaine, et classé monument historique. Il comporte des parties édifiées à la fin du XVe siècle pour la maison de Heu, famille patricienne du paraige, ainsi que des éléments plus anciens mis au jour par des études récentes. Metz, devenue république oligarchique en 1234 et très prospère aux XIIIe et XIVe siècles, voit se multiplier à la fin du Moyen Âge de nombreux hôtels particuliers comme celui de Heu. Un diagnostic archéologique du bâti réalisé à l’automne 2021 a porté sur un dégagement partiel des parements intérieurs et une datation dendrochronologique des poutres de plafond. L’étude concernait la parcelle 113 de la section 28 du cadastre, d’une surface totale d’environ 1 800 m², avec caves, rez-de-chaussée, deux étages initiaux formant un seul volume, un troisième étage et des combles aménagés ; chaque niveau fait 367 m² pour une longueur de 24,27 m et une largeur de 15,12 m. Les sondages ont montré que la construction des caves est antérieure à la partie actuelle de l’hôtel et que des poutres ont été façonnées en 1323. Ces éléments permettent de situer la construction postérieure au palais des Treize (construit vers 1315-1317) et d’attribuer la réalisation à Thiébaut de Heu (1245-1330). Originaire d’une famille de marchands venue de Huy, Thiébaut héritera de biens, occupera des fonctions municipales et accumulera des acquisitions foncières et des prêts importants, notamment au duc de Lorraine, qui mit en gage une partie de son trésor en 1322. À partir de 1309 il acquiert des bâtiments au Neufbourg, qui correspondent probablement aux vestiges reconnus dans les caves, et la construction principale de l’hôtel est entreprise au début du XIVe siècle, en lien avec ses autres acquisitions comme la châtellenie d’Ennery. Après 1482, Nicole (ou Nicolas) III de Heu fit édifier un grand corps de bâtiment au nord de l’ancien logis, contigu à la rue, et y aménagea un escalier en vis à double révolution ainsi qu’un porche au rez-de-chaussée, ouvrages achevés avant son mariage en 1489. L’hôtel a peu changé aux XVIe et XVIIe siècles, mais fit l’objet de réparations entre 1655 et 1660 et vit l’aménagement d’ateliers-boutiques au rez-de-chaussée. En 1661 Anne d’Autriche acquit l’hôtel pour y installer un séminaire de la Congrégation de la Mission ; les missionnaires s’y établirent à partir de 1663 et participèrent probablement à l’aménagement de petites pièces, tandis que la façade fut entièrement réaménagée au XVIIIe siècle pour créer un accès vers l’église au sud. Vendu en 1795, l’ancien logis fut dissocié des autres bâtiments et de nouvelles constructions apparurent dans la cour et le jardin ; aux XIXe et XXe siècles les étages servent tantôt de stockage de grains, tantôt de logements, avec des renforcements de plafonds en 1906, la création d’un puits de lumière dans les années 1930 et des cloisonnements internes. Un incendie en 1989 a gravement endommagé les structures intérieures et entraîné des réaménagements des niveaux supérieurs et le ravalement des façades. Sur le plan architectural, la façade gauche remonte au XIVe siècle et présente un alignement de fenêtres à tympans trilobés, tandis que la façade droite, du XVe siècle, conserve des tympans gothiques flamboyants, un porche voûté et l’escalier à vis à double révolution. Le porche d’entrée, l’escalier à double révolution et sa cage, ainsi que la grande salle incluse dans le premier et le second étages, y compris ses fenêtres en façade, ont été classés par arrêté du 11 janvier 1990.