Origine et histoire de l'Hôtel de Jean Galland
L'hôtel dit de Jean Galland, aussi nommé hôtel Babou de la Bourdaisière ou hôtel de l'argentier du roi, est situé au 8-10 place Foire-le-Roi, dans le Vieux-Tours. Il constitue l'un des rares vestiges de l'architecture de la première Renaissance dans la ville et est classé au titre des monuments historiques depuis le 1er juillet 1932. Selon la tradition, il aurait appartenu à Jean Galland, orfèvre de Louis XI et Charles VIII, mais il a été construit vers 1520 pour Philibert Babou, surintendant des finances, et son épouse Marie Gaudin ; il passa ensuite à leur fils Jean Babou, maître général de l'artillerie. L'édifice a été édifié probablement par Martin et Gatian Françoys et s'appuie à l'est sur le mur de clôture du couvent des Jacobins. Il se compose d'un corps perpendiculaire à la rue flanqué de deux ailes qui encadrent une petite cour, elle-même ouverte sur la cour principale par une porte cochère. Le rez-de-chaussée de l'aile de fond formait autrefois une loggia d'une seule travée, voûtée d'ogives et ouverte sur les deux cours. La façade de la cour, entre les ailes, a été refaite au début du XVIIe siècle. La décoration des façades porte les signes de la première Renaissance : moulures à oves et denticules soutenant un léger encorbellement, pilastres encadrant les fenêtres du premier étage sur cour, lucarnes à frontons demi-circulaires ornés de coquilles et médaillons à l'antique dans les tympans des arcades de la loggia. L'intérieur conserve, au rez-de-chaussée, quelques pièces garnies de boiseries des XVIIe et XVIIIe siècles. Divers remaniements des XVIIe et XVIIIe siècles modifient l'organisation : le corps de logis nord a été transformé dans la première moitié du XVIIe siècle, le portail d'entrée du jardin et la façade ont été remaniés, puis un escalier monumental a été établi au centre du corps de logis nord ; la rampe en fer forgé porte la date 1701 et la grille du balcon du premier étage est du même style. Une galerie reliait les corps de logis nord et sud, avec échauguettes aux extrémités donnant accès aux étages par de petits escaliers en vis ; l'escalier d'origine n'a pas été retrouvé et il est possible qu'il y en ait eu d'autres. Le corps de logis sud-est paraît appartenir au milieu du XVIIIe siècle et un bâtiment du XIXe siècle ferme la cour sud à l'ouest. Au XXe siècle, l'hôtel a été le siège de la Société archéologique de Touraine, acheté grâce à un don d'André Goüin ; la société s'en est dessaisie en décembre 2004, ce qui a permis ultérieurement le rachat et la sauvegarde de la chapelle Saint-Libert. Dans la cour intérieure subsiste la galerie ouest du cloître des Augustins, datée du XIVe siècle, unique vestige du couvent détruit en juin 1940. Cet ensemble offre un exemple intéressant d'hôtel urbain de la Renaissance adapté aux besoins des siècles suivants.