Origine et histoire de l'Hôtel de l'Intendance
L'ancien hôtel de l'Intendance, aussi appelé hôtel de l'Évêché, est un hôtel particulier situé 68 rue Royale à Lille (Nord). Construit au tout début du XVIIIe siècle, il a été édifié entre 1685 et 1703 pour Nicolas François Faulconnier, seigneur de Wambrechies, d'où sa première appellation, hôtel de Wambrechies. Acquis en 1784-1785 par le Magistrat de Lille, il a été transformé et agrandi par l'architecte Michel-Joseph Lequeux pour recevoir Charles d'Esmangart, intendant de Flandre et d'Artois. Lors d'une visite du chantier le 15 avril 1786, Lequeux est mort, frappé d'un coup de couteau par un jardinier au cours d'une dispute; les travaux se sont achevés en 1787. Pendant la Révolution, l'hôtel devient en 1791 le Quartier général, siège de l'autorité militaire à Lille, puis en 1796 le quartier du commandement de la seizième division, d'où son nom d'Hôtel du Commandement. C'est là que loge le premier consul Napoléon Bonaparte lors de sa visite à Lille en 1803, visite à l'issue de laquelle il décide de déplacer la préfecture de Douai à Lille. Après des installations successives rue du Lombard et rue Française (actuelle rue Négrier), la préfecture emménage dans l'ancien hôtel de Wambrechies en 1825, qui devient alors hôtel de la Préfecture; d'importants travaux de restauration ont lieu en 1825 et 1826. La préfecture y reste jusqu'en 1872, date de son transfert place de la République. En 1874, les Dames du Sacré-Cœur rachètent le bâtiment pour agrandir leur institution mitoyenne et le louent pour cinq ans à Philibert Vrau, permettant les débuts de l'Université catholique de Lille; les premiers cours de droit y sont donnés en novembre 1874, avant même la promulgation, le 26 juillet 1875, de la loi Wallon relative à la liberté de l'enseignement supérieur. L'hôtel accueille ensuite les facultés de droit et de lettres puis le Collège Théologique jusqu'en 1881, quand les religieuses réclament la restitution des locaux. Après l'expulsion des religieuses en 1904, la comtesse Boselli-Scrive achète le bâtiment en 1908 et le met à la disposition des archevêques de Cambrai comme pied-à-terre. Lors de l'érection du diocèse de Lille en 1913, l'hôtel devient le siège de l'évêché, élevé en 2008 au rang d'archevêché. Le bâtiment a fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques le 12 février 1927 et a été largement restauré, notamment sa couverture, entre 1995 et 2000.
L'édifice présente le plan classique d'un hôtel à la française, avec un corps de logis disposé entre cour et jardin. En façade, l'avant-corps comporte un péristyle autrefois ouvert, encadré de colonnes doriques en marbre blanc et surmonté de colonnes ioniques qui portent un fronton triangulaire. Le corps de logis est flanqué de deux ailes; l'aile nord, initialement réalisée en trompe-l'œil, a été ajoutée lors des travaux d'extension de 1785-1787. À l'arrière, une vaste salle de bal — galerie ouverte sur le jardin créée lors de la même campagne d'agrandissement — a été surmontée d'un étage en 1825-1826 pour recevoir le cabinet du préfet et la salle du conseil général.
Parmi les sources et ouvrages sur l'édifice figurent notamment le travail du chanoine Lucien Detrez, Le palais épiscopal de Lille (1786-1913), et l'étude d'Alain Plateaux, Une grande demeure lilloise : l'hôtel de Wambrechies, rue Royale. Des ressources en ligne et des inventaires patrimoniaux (Mérimée, PSS, Portail de la métropole européenne de Lille, etc.) complètent la documentation.
