Origine et histoire de l'Hôtel de la Belinaye
L'ancien hôtel de La Belinaye est un hôtel particulier d'architecture classique construit au XVIIIe siècle à Fougères, en Ille-et-Vilaine. Armand Tuffin de La Rouërie, promoteur de la conjuration bretonne et organisateur de l'Association bretonne, connu sous le nom de colonel Armand et compagnon de La Fayette, y est né. L'édifice se situe 5 place Aristide Briand, ancienne place d'Armes dite aussi place de la petite douve ; il occupe l'angle nord‑est de la place et donne son nom à la rue du Tribunal qui le borde à l'est. Construit de 1740 à 1742 pour servir de résidence urbaine au vicomte de La Belinaye, qui était aussi propriétaire des châteaux de La Belinaye à Saint‑Christophe‑de‑Valains et de Bois‑le‑Houx à Luitré, il a été élevé sur l'emplacement de l'éperon qui protégeait, avec un boulevard, la porte Roger, l'une des quatre portes de la ville. Après la Révolution, le bâtiment a été transformé en tribunal ; il a servi de tribunal d'instance puis de tribunal de grande instance de 1958 à 2009 et, à la suite du rétablissement d'un tribunal d'instance à Fougères, il abrite depuis le 1er janvier 2012 la juridiction d'exception de premier degré pour le nouvel arrondissement de Fougères‑Vitré. La façade donnant sur le jardin a été inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 3 février 1928.
La façade dite principale, qui correspond en fait à l'ancienne façade arrière de l'hôtel, s'organise autour d'un corps central légèrement en saillie de trois travées flanqué de deux ailes de deux travées chacune. L'élévation, à trois niveaux, est sobre : murs en moellons de granite, pierre de taille réservée aux encadrements et aux chaînages d'angle, et socle en granite taillé en grand appareil qui compense la déclivité du terrain vers le nord‑est. Le rez‑de‑chaussée comporte trois portes dans les travées paires ; toutes les ouvertures reçoivent des linteaux en arc segmentaire, sauf la porte principale, en plein cintre, percée au XIXe siècle et encadrée de deux colonnes toscanes soutenant un entablement. Une assise en granite marque la séparation entre premier et second étages, où s'alignent sept fenêtres, et l'ensemble est coiffé d'un toit en croupe ; un fronton interrompu couronne le corps central et encadre une gerbière composée de deux colonnes toscanes baguées, encadrant un cadran d'horloge et portant entablement et fronton triangulaire.
La façade sur jardin, qui fut la façade principale de l'hôtel, a été reléguée au second plan lors de l'affectation au ministère de la Justice, transformation qui a profondément modifié la distribution intérieure et l'accès à l'étage noble. Sa section médiane concave s'inspire directement de l'Hôtel‑de‑Ville de Rennes de Jacques‑V. Gabriel ; l'élévation y apparaît réduite à deux niveaux en raison de la pente, le rez‑de‑chaussée donnant sur la rue du Tribunal se prolongeant ici par un étage à demi enterré éclairé par des soupiraux. Construite en grand appareil de granite servant de soubassement aux ailes, la façade ménage une terrasse en avant de la partie médiane desservie par deux escaliers latéraux. Symétrique autour de trois travées centrales couronnées par un fronton circulaire autrefois armorié, elle associe surfaces enduites et éléments structurants en pierre de taille mis en valeur par de prononcés chaînages en granite ; deux assises au sommet de chaque étage tempèrent la verticalité des fenêtres oblongues. La toiture d'ardoise reprend la concavité des murs et reçoit deux petites lucarnes en pierre.