Origine et histoire de l'Hôtel de la Guerre
L'hôtel de la Guerre, dit aussi hôtel de la Guerre - caserne Carnot, est un hôtel particulier situé au 3, rue de l'Indépendance-Américaine à Versailles, à proximité du château ; il abrite aujourd'hui la direction centrale du service d'infrastructure de la Défense. Construit par Jean-Baptiste Berthier pour regrouper des services dispersés entre Paris et Versailles, il fut également conçu pour réduire le risque d'incendie grâce à une technique de voûtes plates dite « sarrasines ». Sur proposition de Berthier adressée au roi via le maréchal de Belle-Isle, le projet visait à rassembler des services éparpillés dans neuf lieux de Paris et à abriter leurs archives pour un coût annoncé inférieur à 150 000 livres. Le terrain, ancien potager royal et alors laissé en friche, avait été accordé par le roi à l'angle des rues de la Surintendance (actuelle rue de l'Indépendance-Américaine) et Saint-Julien. Les travaux commencèrent en juillet 1759 et s'achevèrent un an et demi plus tard ; l'emploi du bois y fut limité à quelques lambris, les voûtes étant en briques liées au plâtre, les planchers en tomettes et l'ensemble reposant sur de solides murs à cœur de briques. On pense que l'incendie de la Grande Écurie de Versailles, auquel Berthier avait été confronté, a motivé le choix de cette technique déjà utilisée dans le Midi et introduite dans le Nord pour les écuries du château de Bizy. Le duc de Choiseul fit édifier à proximité un hôtel des Affaires étrangères et de la Marine suivant la même méthode. Pour démontrer la sécurité du bâtiment, Berthier fit l'expérience, en présence du roi, d'allumer un feu dans une salle sans propagation aux pièces voisines. Après la Révolution, le ministère de la Guerre retourna à Paris et l'édifice fut occupé par les services du département de Seine-et-Oise, qui y causèrent des dégâts ; il servit ensuite d'extension à la manufacture d'armes du Grand Commun et fut successivement investi par des troupes d'infanterie. L'établissement abrita par la suite diverses écoles militaires — une École de l'artillerie, du génie et du train, puis l'École militaire d'application du génie — et, sous l'Occupation, une école de police ; il accueillit brièvement après-guerre un centre de préparation aux grandes écoles puis, en 1946, l'École supérieure technique du génie. Après la fusion des écoles en 1995 et leur transfert à Angers, le bâtiment est resté occupé par la direction centrale du service d'infrastructure de la Défense, anciennement direction centrale du génie. Peu du décor primitif subsiste hormis le salon de Diane, dont la voûte en stuc peint illustre le renversement des alliances de 1756 ; aux murs se trouvent un tableau de Charles Cozette montrant Louis XV à cheval pendant la guerre des Flandres et six toiles de Pierre Lenfant, peintes entre 1757 et 1771 sur commande de Louis XV et représentant la guerre de Succession d'Autriche. Le portail monumental, toujours en place, est surmonté d'une couronne royale posée sur un soleil et encadré de trophées guerriers ; les pilastres portent des reliefs montrant des cornes d'abondance d'où sortent des brevets d'officiers et des croix de Saint-Louis, ainsi que des plans de forteresses et des armes. Le portail d'entrée a été classé au titre des monuments historiques le 1er septembre 1922, tandis que la façade côté rue et la toiture ont été classées par arrêté le 16 septembre 1929.