Origine et histoire de l'Hôtel de la Motte-Sanguin
L'hôtel de la Motte-Sanguin est un hôtel particulier du XVIIIe siècle situé sur la rive droite de la Loire à Orléans, dans le Loiret. Construit de 1788 à 1792, il est attribué à Victor Louis ou, selon d'autres sources, à Benoît Lebrun ; Victor Louis effectua son premier voyage à Orléans le 11 mars 1788 pour contrôler la nature du terrain par des sondages. Le domaine couvre environ 13 000 m² et se situe entre la rue de Solférino, le boulevard de la Motte-Sanguin et le quai du Fort-Alleaume, à proximité du pont René-Thinat. Il comprend l'hôtel, deux immeubles d'habitation totalisant 123 logements et un immeuble de bureaux datant de 1876, anciennement l'école d'artillerie ; les bâtiments de la filature de coton du XVIIIe siècle ont été détruits. Le site occupait auparavant des fortifications établies entre 1466 et 1480 et remaniées au XVIe siècle pour l'artillerie ; ces ouvrages furent démantelés au XVIIIe siècle, d'où la dénomination de « motte ». À la place, Philippe d'Orléans et ses associés firent édifier une manufacture de coton dans le cadre de la Société de la filature d'Orléans. La filature, construite en 1787 par Benoît Lebrun selon les sources citées, était un bâtiment principal de six étages percé de 365 fenêtres, équipé de 7 200 broches et employant jusqu'à 800 ouvriers ; en 1790 elle produisait 36 000 livres de filés et employait 400 ouvriers. Le capital de l'entreprise était de 700 000 livres divisé en 140 actions ; le duc d'Orléans en possédait la majorité et fournit l'essentiel des fonds. La manufacture utilisa une machine à vapeur Périer qui permit d'augmenter la cadence de filage et la durée du travail. L'industriel anglais Thomas Foxlow (Lord Foxlow), ancien fabricant de Manchester, fut directeur et premier résident de l'hôtel, qui lui fut vendu comme bien national par la Convention le 11 janvier 1795. Après des difficultés financières et un procès en 1806, la famille Thäyer racheta l'hôtel à Foxlow le 2 juin 1808. Napoléon III racheta le domaine le 8 janvier 1869 pour le donner aux hospices d'Orléans ; en 1876 l'école d'artillerie du 5e corps s'y installa et les vestiges de la filature furent démolis pour édifier ses bâtiments, tandis que l'hôtel resta sans modification majeure. Le ministère de la Guerre céda le domaine au département du Loiret le 25 août 1899 ; le bâtiment retourna au privé en 1900 avec la famille Desplanches, puis passa à la famille Alicot en 1921. L'hôtel est classé monument historique depuis le 21 janvier 1928 et a changé plusieurs fois de propriétaires : vendu à la ville d'Orléans en 1976, revendu en 2011 à la société Xaintrailles puis acquis par le groupe Villemain en 2012. Depuis 2014, sept appartements aménagés dans le château sont loués par l'association Studium pour héberger des chercheurs en visite à l'université d'Orléans. Le nom du lieu apparaît anciennement sous la forme « La Motte Sans Gain » ; une décision municipale du 31 août 1852 a fait évoluer l'orthographe en tenant compte du patronage d'Antoine Sanguin, évêque d'Orléans au XVIe siècle. L'hôtel présente un rez-de-chaussée sur soubassement à refends, accessible par de larges emmarchements sur ses façades nord et sud ; l'étage est percé de fenêtres à balustrades surmontées de tablettes reposant sur des consoles. Une corniche architravée à modillons couronne l'édifice et dissimule le bas d'un étage d'attique ; la toiture bombée repose sur une charpente composée de fermettes formées de planches chevillées, selon un procédé inspiré de Philibert Delorme et remis à l'honneur au XVIIIe siècle. À l'intérieur, le rez-de-chaussée conserve son vestibule, son antichambre, son salon et sa salle à manger avec leur décor d'origine ; au premier étage, le salon de musique et une chambre ont également préservé leur décoration. Parmi les personnalités liées au lieu figurent Philippe d'Orléans, initiateur de la manufacture, ainsi que Amédée Thayer et Édouard-James Thayer, propriétaires au XIXe siècle.