Origine et histoire
L'Hôtel de la Préfecture abrite la préfecture des Bouches‑du‑Rhône ; il se situe dans le 6e arrondissement de Marseille, au 2 boulevard Paul‑Peytral. Construit de 1862 à 1866, il occupe un parallélogramme de 90 mètres de longueur sur 80 mètres de profondeur ; sa façade principale, au nord, donne sur la place de la Préfecture dans le prolongement de la rue Saint‑Ferréol. À l'est, il borde un jardin le long de la rue de Rome, au sud il longe la rue Sylvabelle et l'entrée du public se trouve à l'ouest, sur la rue Edmond‑Rostand. Le bâtiment a été inscrit aux Monuments historiques par arrêté du 27 juillet 1979.
Le projet fut initié par le préfet Charlemagne Émile de Maupas, qui confia la réalisation à l'architecte départemental Auguste Martin après approbation du conseil général. Les terrains furent acquis et les immeubles rasés en novembre 1861, la première pierre fut posée le 18 septembre 1862 et les travaux progressèrent rapidement. L'emplacement, établi sur les anciens fossés et remparts de 1669, obligea à des fondations spéciales en raison de l'instabilité du sol ; ce même problème réapparut lors de la création d'un parking souterrain, nécessitant des injections de béton après déstabilisation de la façade principale. En novembre 1864, Auguste Martin démissionna à la suite de mésententes et de dépassements de budget ; il fut remplacé par l'architecte parisien François‑Joseph Nolau, reconnu pour son expérience des décors intérieurs. Les travaux furent achevés fin 1866 ; le préfet Maupas prit possession des lieux en décembre 1866 et inaugura l'édifice le 1er janvier 1867.
Lors de la Commune de Marseille, les insurgés prirent la préfecture le 22 mars 1871 sans effusion de sang, faisant prisonnier le préfet et instaurant une commission départementale de douze membres. Gaston Crémieux, du balcon de l'Hôtel départemental, déclara la solidarité de Marseille avec la Commune de Paris ; le général versaillais Henri Espivent de La Villesboisnet déclara la Commune hors la loi et marcha sur la ville avec des troupes de 6 000 à 7 000 hommes. Les combats commencèrent le 4 avril ; après plus de 280 obus tirés depuis Notre‑Dame‑de‑la‑Garde, la préfecture tomba le 5 avril à sept heures du matin, au terme d'environ dix heures de lutte.
Sur le plan architectural, les fenêtres du rez‑de‑chaussée sont surmontées de frontons circulaires, celles du premier étage de frontons triangulaires et celles de l'étage supérieur sont rectangulaires. La façade principale est ornée de quatre statues sculptées par Eugène‑Louis Lequesne représentant, à gauche, Jean V de Pontevès et Vendôme, et, à droite, Jean‑Étienne‑Marie Portalis et l'intendant Lebret ; au‑dessus de la porte principale se trouvait une statue équestre de Napoléon III par Eugène Guillaume, détruite en 1870. La façade donnant sur le jardin et la rue de Rome porte quatre statues de Pierre Travaux représentant, à gauche, Monseigneur de Belsunce et le chevalier Roze, et, à droite, le roi René et Palamède de Forbin. La façade ouest présente deux statues — l'empereur Constantin par Charles Gumery et Charles Barbaroux par Stanislas Clastrier — et la cour intérieure est décorée de quatre statues de Jean Marcellin représentant Mirabeau, le bailli de Suffren, Pierre Puget et le duc de Villars. Le site est desservi par la station de métro Estrangin - Préfecture.