Hôtel de la Tour à Tréguier en Côtes-d'Armor

Hôtel de la Tour

  • 22220 Tréguier
Hôtel de la Tour
Hôtel de la Tour
Hôtel de la Tour
Hôtel de la Tour
Crédit photo : GO69 - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XVe siècle

Patrimoine classé

Porte de l'ancien évêché : classement par arrêté du 23 décembre 1924 ; Façades et toitures de l'ancien évêché (cad. AB 91) : inscription par arrêté du 22 mars 1973

Origine et histoire

De l'ancien évêché du XVe siècle, bâti vers 1432 et détruit en 1594 pendant les guerres de la Ligue, ne subsiste que le portail sculpté. Au XVIIe siècle, l'hôtel a été édifié à l'emplacement des dépendances de ce palais épiscopal. Situé à l'entrée occidentale de la ville à la fin du Moyen Âge, il marque le début de la rue des Perderies, qui se prolonge jusqu'à la cathédrale Saint-Tugdual via la rue Colvestre. La demeure offre un panorama sur la ville et sur le Guindy, au nord ; elle était entourée à l'ouest d'une cour bordée de hauts murs et d'un portail voûté, tandis que de grandes parcelles au nord formaient un vaste jardin. Dans le procès-verbal de 1791, elle est désignée « prébende Laënnec » en référence à son dernier détenteur, Michel Laënnec de Penticou, chanoine du chapitre de Tréguier de 1787 à la Révolution. Le grand corps de logis donnant sur la rue est probablement construit au début du XVIe siècle pour un dignitaire du chapitre, peut‑être pour deux, comme le suggèrent sa taille originelle et la présence de deux blasons martelés au‑dessus du portail. L'hôtel était plus vaste à l'origine : sa moitié est, composée d'une salle et de chambres à l'étage, a été détruite après 1834 selon le cadastre ancien. Sur une poutre du logis figure un blason « de sable fretté d'or de six pièces » identifié à la famille de Guermeur (de Kermeur). À l'angle sud‑ouest, un autre blason bûché, soutenu par deux petites têtes humaines, est orienté vers l'entrée de la rue des Perderies. Il n'est pas exclu que le portail gothique provienne de l'ancien manoir épiscopal détruit pendant les guerres de la Ligue, ce qui expliquerait l'appellation erronée de « Vieil évêché ». Dans le premier quart du XVIIe siècle, l'hôtel est agrandi par une aile en retour au nord, flanquée à l'ouest d'une tourelle d'escalier qui supportait autrefois une pièce haute en pan de bois revêtue d'ardoise, mentionnée dans le procès‑verbal de 1791. Cette aile a probablement été commandée par le chanoine trésorier Philippe du Halgouët, dont le nom apparaît sur le plan de la pompe de Tréguier daté de 1605, la conduite d'eau passant par le « Verger de messire du Halegoat come chanoene ». Sur l'élévation est, la porte en plein cintre donnant sur la cour nord est surmontée d'un blason muet, peut‑être celui de Philippe du Halgouët. Vendu comme bien national à la Révolution, l'hôtel est acheté par Jean‑Marie Le Bouder en 1795. Selon les états de section du cadastre ancien, en 1835 il appartient pour moitié à « Roquefeuil Jérôme, la veuve à Tréguier » et à « Le Pape François, la veuve », et il se compose des parcelles n° 93, 94 et 95. Léocadie de Roquefeuil hérite ensuite et épouse le comte Gustave Le Borgne de La Tour, militaire, député sous le Second Empire puis maire de Tréguier. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, ce dernier démolit la moitié est de l'hôtel pour y édifier les communs de son nouvel hôtel dit « de la Tour ». La vente des biens de la famille La Tour à la ville de Tréguier est conclue les 13 et 21 avril 1961 ; elle porte sur deux immeubles à logements situés aux 20 et 18 rue des Perderies, désignés respectivement comme « Vieil évêché » et « Hôtel de La Tour », ainsi que plusieurs parcelles totalisant environ 12 000 m². En 1968, la rue Saint‑Tugdual est tracée dans la cour et le jardin de la prébende Laënnec pour relier la rue Saint‑François à la rue des Perderies, et dix immeubles à logements sociaux, dits La Tour, sont construits dans les jardins par l'architecte F. Rousseau, aménagements qui dénaturent profondément l'environnement de l'édifice. Malgré ces transformations, les façades et les toitures de l'hôtel sont inscrites au titre des Monuments historiques en 1973. Dans une ville longtemps centrée autour de son évêque, cette maison prébendale présente un intérêt historique majeur que pourrait encore mettre en valeur une restauration de qualité accompagnée d'une requalification des abords.

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