Origine et histoire de l'Hôtel Particulier
L'hôtel de La Vaupalière est un hôtel particulier du 8e arrondissement de Paris, aux nos 85 et 85 bis rue du Faubourg‑Saint‑Honoré et 25 avenue Matignon. De style néo‑classique, il a été élevé en 1768 par l'architecte Louis‑Marie Colignon et remanié au XIXe siècle par Louis Visconti ; il abrite aujourd'hui le siège du groupe AXA. En 1765 Colignon acquiert une parcelle étroite reliant la rue du Faubourg‑Saint‑Honoré à l'avenue des Champs‑Élysées, puis achète des maisons voisines et fait raser les constructions existantes. Il fait bâtir en 1768 un hôtel qui occupe toute la largeur du terrain et le loue à vie à Pierre Maignart, marquis de La Vaupalière, qui s'y installe le 1er octobre 1769 pour un loyer annuel de 11 000 livres. Le marquis, premier sous‑lieutenant des mousquetaires du Roi, et son épouse Diane de Clermont d'Amboise mènent une vie mondaine : ils reçoivent des philosophes comme Voltaire, lisent Le Mariage de Figaro en 1783 et donnent des fêtes somptueuses. Lors d'un souper de mariage en 1788, la table présente un paysage miniature avec une rivière peuplée de poissons et un feu d'artifice réglé par l'artificier Ruggieri est tiré dans un jardin parfumé de chèvrefeuilles, sycomores et jasmins. Sous la Révolution, l'hôtel est à tort considéré comme bien d'émigré, saisi et son mobilier vendu aux enchères en l'an III ; il est alors loué par le limonadier Cathenois qui y installe une guinguette. Les héritiers de Colignon, les Frossart‑Rozeville, rencontrent de grandes difficultés pour le récupérer mais sont rétablis dans leurs droits en 1799 ; ils vendent la propriété en 1802 au comte Roederer. Roederer transforme les remises en logements de rapport et réduit le parc pour y construire un autre hôtel donné à la location. Après la mort de Roederer en 1835, le comte Charles Le Hon acquiert l'hôtel en 1838 ; avec sa femme Fanny Mosselman, il y donne des bals et des soirées réputés. Le 1er mars 1843, l'hôtel est vendu à Mme de La Briche qui y meurt en 1844 ; il passe ensuite à sa fille Caroline, comtesse Molé, puis à la comtesse de La Ferté‑Meun, qui y loge sa nièce la duchesse d'Ayen avant de le vendre le 10 mai 1856 à Stephens Lyne‑Stephens. Après la mort de Stephens Lyne‑Stephens en 1860, sa veuve cède la demeure le 26 juin 1875 à la baronne Gérard ; c'est durant la période des Molé que Louis Visconti intervient pour flanquer le perron de deux vestibules vitrés, supprimer probablement les pavillons et aligner les ailes sur l'avant‑corps central côté jardin. La famille Gérard conserve la propriété jusqu'en 1947, malgré de nombreux problèmes financiers ; le baron Gérard revend le bâtiment sur la rue du Faubourg‑Saint‑Honoré et modifie l'entrée en créant un accès sur l'avenue Matignon. L'élargissement de l'avenue Matignon en 1913 emporte une partie du terrain ; après la mort du baron, ses deux filles se partagent l'ensemble et une grande partie du jardin est vendue pour permettre la création de la rue Rabelais et des immeubles adjacents. En 1947 les jardins sont inscrits au titre des monuments historiques et, en 1948, plusieurs éléments du bâtiment — façades et toitures, décorations intérieures de deux salons du rez‑de‑chaussée et du salon du premier étage, grand escalier — sont classés. La même année l'hôtel est vendu à une société d'assurances qui le cède à l'Union des assurances de Paris ; la Banque des Comores et de Madagascar acquiert le jardin en 1957 et y fait édifier un immeuble au 23 avenue Matignon. Cette banque passe sous la Soficam, puis le groupe est racheté en 1982 par les Mutuelles Unies, devenues AXA en 1985 ; le groupe d'assurances installe son siège, tandis que l'hôtel est loué successivement à la maison de couture Maggy Rouff puis au journal Le Figaro à partir de 1979. Un attentat à l'explosif a visé cette adresse dans la nuit du 16 au 17 avril 1976 ; il a été revendiqué par le Front de libération de la Bretagne - Armée républicaine bretonne (FLB‑ARB) et semble avoir visé les intérêts d'Armen Dabaghian, président‑directeur général de Transocéan, dont le siège central était 25 avenue Matignon. En 1995 Claude Bébéar décide d'installer le siège d'AXA à l'hôtel ; après deux années de négociation, le groupe acquiert la propriété et reconstitue le domaine en procédant à des échanges immobiliers. L'architecte Ricardo Bofill conçoit une structure métallique et vitrée formant un vaste atrium qui relie l'hôtel aux immeubles environnants tout en protégeant sa façade. Les décors intérieurs sont restaurés et, pour l'essentiel, recréés dans un esprit pastiche par le décorateur François‑Joseph Graf. Le site est desservi par la station de métro Franklin D. Roosevelt.