Origine et histoire de l'Hôtel Particulier
L'hôtel de Lauzun, aussi appelé hôtel Pimodan, est un hôtel particulier situé au 17 quai d'Anjou, sur la rive nord de l'île Saint-Louis dans le 4e arrondissement de Paris. Les attributions concernant sa construction et sa décoration varient selon les sources : certaines le font édifier entre 1650 et 1658 par Louis Le Vau et le décoreraient par Le Brun, Bourdon, Patel et Lesueur, tandis que d'autres l'attribuent à Charles Chamois, construit entre 1657 et 1658 pour le financier Charles Gruyn, avec des décors de Michel Dorigny. L'historique de propriété est détaillé : il appartient successivement au duc de Lauzun, au marquis de Richelieu, puis en 1709 à Pierre‑François Ogier ; il passe ensuite à Jean‑François Ogier, à René‑Louis de Froulay, marquis de Tessé, puis aux Saulx‑Tavannes et enfin, en 1779, au marquis de Lavallée de Pimodan qui l'habite jusqu'à la Révolution. L'écrivain Roger de Beauvoir y naît et y vit, et au XIXe siècle la famille Pichon le restaure et occupe l'hôtel tout en louant certaines salles à des créateurs. Charles Baudelaire y habite au dernier étage d'octobre 1843 à septembre 1845 ; il y reçoit Mme Sabatier, y écrit L'Invitation au voyage et fréquente des voisins comme Théophile Gautier et le peintre Joseph Ferdinand Boissard de Boisdenier, tandis qu'au rez‑de‑chaussée le brocanteur Arondel est son créancier. Une plaque commémorative en hommage à Baudelaire a été apposée par la mairie de Paris le 23 mars 2022. Classé au titre des monuments historiques en 1906, l'hôtel appartient à la ville de Paris depuis 1928 et était déjà propriété municipale au XIXe siècle. Rénové après la guerre, il a reçu en 1949 un nouvel escalier d'honneur, pastiche d'un escalier classique du XVIIe siècle, percé à l'emplacement de l'ancienne salle à manger dont les décors d'origine ont été conservés. Depuis le 12 novembre 2013, l'hôtel abrite l'Institut d'études avancées de Paris, qui accueille des chercheurs internationaux en sciences humaines et sociales. La façade principale, alignée sur le quai d'Anjou, se distingue par un balcon en fer forgé et des grilles d'entrée installées en 1910 ; ces grilles ont été retirées lors d'une restauration au début des années 2000, remplacées par des modèles en bois, puis vendues à Drouot en 2021, vente qui a suscité l'indignation des défenseurs du patrimoine. La cour intérieure, pavée, comprend trois façades et un mur aveugle décoré d'arcades ; elle abrite notamment un cadran solaire vertical déclinant, peint et gravé, de 3,20 m de haut sur 1,60 m de large, qui indique heures et calendrier et comporte des lignes horaires et des symboles zodiacaux. Lors de la restauration du cadran en 1957, le disque central n'a pas été replacé ; il se trouvait dans les réserves en 1970 et son devenir demeure inconnu, tandis que le tripode de soutien décoré subsiste au‑dessus du cadran. L'hôtel conserve des salons d'apparat, une salle à manger et de petits salons, dont les décors et certains éléments sculptés et ornementaux — lanternes, gouttières et motifs végétaux dorés — témoignent de son riche décor intérieur. Le lieu a servi de décor pour plusieurs productions : La Neuvième Porte de Roman Polanski (1998), Hadewijch de Bruno Dumont (2009), des séquences de l'émission Secrets d'Histoire en 2015 consacrées à La Grande Mademoiselle, et en 2023 les salons ont représenté les appartements de la reine Anne d'Autriche dans Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan. Pour approfondir, on peut consulter notamment les travaux dirigés par Caroline zum Kolk et l'ouvrage de Raymond Boulharès consacrés à l'hôtel de Lauzun.