Origine et histoire de l'Hôtel de Lunas
L'Hôtel de Lunas, aussi appelé hôtel d'Hébrard, est un hôtel particulier situé dans l'Écusson, au centre-ville de Montpellier (Hérault). Il se développe entre une cour d'honneur et un jardin, formant un ensemble en U avec une aile en retour sur le jardin. La construction initiale remonte à une grande maison édifiée au XVIe siècle par Denis (Denys) Fontanon, que sa famille conserva pendant près de quatre-vingt-neuf ans. En 1639, Guillaume et Marguerite d'Hébrard acquièrent la demeure et, à partir de 1671, des travaux la transforment en trois corps en U autour d'une cour, avec un escalier d'honneur conduisant aux salles de réception du premier étage. En 1707 Henri de Bosc devient propriétaire ; il agrandit l'édifice en acquérant des parcelles voisines et fait aménager au premier étage une vaste galerie de bal ouvrant sur un jardin à la française. Cette galerie comportait sept fenêtres à plein cintre faisant face à sept miroirs et douze panneaux de laque représentant les mois, soutenus par des panneaux figurant les douze signes du zodiaque. Henri de Bosc adosse le bâtiment au rempart et fait creuser dans celui-ci des niches utilisées comme placards ; la trace du chemin de ronde subsiste dans les sous-sols. En 1737, Antoine Jean Viel, seigneur de Lunas, donne son nom à la maison et fait apposer dans la cour d'honneur un parement orné du blason familial. Aux XVIIIe siècle, les façades sur jardin affichent une ordonnance soignée, ponctuée notamment par l'encadrement d'une baie du premier étage avec fronton cintré, clef, remplissages et consoles sculptées. En 1769 Guillaume Granier acquiert l'hôtel ; après le démantèlement des remparts à la fin du XVIIIe siècle, il procède à d'importantes extensions et aménagements du jardin et des communications intérieures. Au XIXe siècle la demeure subit de nouvelles transformations, dont la division de la galerie et la redistribution des panneaux de laque sur les cloisons des deux salons centraux. Félix Sabatier, propriétaire dans la seconde moitié du XIXe siècle, intègre une maison voisine, ajoute un étage pour le service et reconfigure le rez-de-chaussée et l'entresol dans le goût parisien. Les travaux menés en 1855 donnent à l'hôtel l'aspect qui lui est resté, avec la construction d'un second commun, l'aménagement d'une cour de service et l'ouverture d'un portail monumental. Le jardin a été transformé au début du XXe siècle par la suppression des rocailles posées au XIXe siècle. L'ameublement du rez-de-chaussée date du milieu du XIXe siècle et a été conçu pour s'harmoniser avec un décor intérieur contemporain : décor et mobilier y sont indissociables. Deux salons centraux conservent une décoration du XVIIIe siècle, et chaque pièce de réception illustre un style particulier (salle à manger de style Renaissance, salon de musique de style rocaille, etc.). La chambre de Madame et le salon de l'Académie, situés au rez-de-chaussée, sont entièrement tendus de tissus, comme en témoignent les décors conservés. L'entrée principale se trouve au n°10 de la rue de la Valfère ; la porte cochère arrière est visible depuis le boulevard Ledru-Rollin et le jardin est partiellement perceptible depuis l'angle avec la rue Poitevine. L'hôtel est accessible par la station de tramway Peyrou - Arc de Triomphe (ligne 4) ; des stations de Vélomagg' et des équipements facilitant l'accès aux personnes à mobilité réduite desservent le site. Implanté dans le quartier de la Valfère, l'hôtel conserve les traces de son rapport aux anciens remparts et au chemin de ronde, éléments qui ont façonné son implantation. L'édifice bénéficie de protections au titre des monuments historiques, avec l'inscription de son grand escalier d'honneur et le classement de ses façades, toitures et de divers salons. Propriété de l'État depuis 1974, il est géré par le Centre des monuments nationaux, qui y assure animations et programmation. Une partie de l'aile nord est louée à des bureaux et cabinets professionnels afin de contribuer à l'entretien du monument. La longue histoire de l'hôtel et son mobilier ont fait l'objet de nombreuses études et publications spécialisées.