Hôtel de Mondrainville à Caen dans le Calvados

Patrimoine classé Patrimoine urbain Hotel particulier classé

Hôtel de Mondrainville à Caen

  • 7 Rue Gemare
  • 14000 Caen
Hôtel de Mondrainville à Caen restauré
Hôtel de Mondrainville à Caen
Hôtel de Mondrainville à Caen
Hôtel de Mondrainville à Caen
Hôtel de Mondrainville à Caen
Crédit photo : SDAP du Calvados - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

1ère moitié XVIe siècle

Patrimoine classé

L'hôtel : classement par liste de 1889

Origine et histoire de l'Hôtel de Mondrainville

L'hôtel de Mondrainville, dit aussi hôtel de la Monnaie, est un hôtel particulier du centre ancien de Caen, construit entre 1531 et 1562 par Étienne Duval de Mondrainville. Il se trouvait à l'origine au 12 rue de la Monnaie ; partiellement détruit en 1944, il se situe désormais au n°7 de la rue Gémare, dans le quartier des Quatrans. Né en 1507 et mort en 1578, Étienne Duval de Mondrainville était un riche bourgeois caennais, anobli sans finance le 24 mai 1548. Il prospéra grâce au commerce du blé, occupa plusieurs charges municipales et régionales (capitaine de la milice en 1532, gouverneur-échevin de 1534 à 1537, receveur général de Normandie en 1576) et se fit connaître comme amateur d'art et mécène. Il soutint la fête du Palinod et la construction d'une chapelle à l'église Saint-Pierre ; François de Malherbe, parent par alliance, séjourna chez lui, et en 1562 les huguenots caennais firent appel à lui pour défendre leur cause auprès du roi.

L'hôtel, caractéristique de la Renaissance comme l'hôtel d'Escoville, comprend trois corps principaux et des dépendances, édifiés en plusieurs étapes : le corps de logis (1531), le portail monumental (1534), le casino (1549, après l'anoblissement) et enfin le grand hôtel avec ses greniers (1561). Le bâtiment d'angle, à l'angle de la cour et de la rue de la Monnaie, fut le corps de logis principal et prit plus tard le nom d'« hôtel de la Monnaie » ou de « petit hôtel de la Monnaie », puisqu'il abrita l'hôtel de la Monnaie du début du XVIIIe siècle à 1757. Derrière se trouvait le casino, espace de réception qui conserva le nom d'hôtel de Mondrainville, et un troisième édifice, doté d'un large escalier, fut appelé grand hôtel de la Monnaie.

Aux XIXe et début du XXe siècles, l'ensemble fut occupé par des imprimeries (Delos puis Domin) ; le pavillon de plaisance servit de salle d'exposition au rez-de-chaussée et d'atelier à la peintre madame Domin, tandis que le grand hôtel avait presque disparu. Bombardé pendant la bataille de Caen, seul le pavillon subsista, mais il fut gravement endommagé par un incendie : ses quatre murs calcinés durent être étayés en 1945. Dans les années suivantes, la Caisse d'épargne obtint un permis de construire et creusa des fondations à l'emplacement de l'ancien hôtel ; l'inspecteur général proposa de demander le dégagement du pavillon, mais celui-ci, peu visible à l'époque, fut finalement sauvé grâce à l'intervention de Louis Bourdil, qui rappela qu'il restait visible depuis le hall vitré de la nouvelle Caisse d'épargne. La restauration du pavillon commença en 1969 et se poursuivit au moins jusqu'en 1973.

Réhabilité sans programme précis, le bâtiment n'a pas trouvé d'affectation définitive ; le terrain alentour est resté en friche et plusieurs projets d'aménagement ont été abandonnés. Il servit de dépôt d'archives pour la direction régionale des Affaires culturelles jusqu'au regroupement des services en 1998 ; en 2009, deux logements furent aménagés dans les parties supérieures, le rez-de-chaussée n'ayant pas d'affectation permanente. L'édifice dans son ensemble est classé au titre des monuments historiques depuis 1889.

Le casino, restauré après la Seconde Guerre mondiale, et le corps de logis disparu illustrent la deuxième période de la Renaissance française : l'architecte s'inspire de l'Italie tout en conservant des traits de l'architecture française. Le bâtiment ne compte qu'un étage ; la géométrie et la symétrie y sont affirmées, les façades sont plus sobres que celles de l'hôtel d'Escoville et multiplient les références à l'Antiquité. Au rez-de-chaussée, l'ordonnance évoque des arcs de triomphe en associant deux petites baies en plein cintre à une baie plus large ; la cage d'escalier, placée à l'extérieur, est surmontée d'un lanternon coiffé d'une statue inspirée du tempietto de Bramante. La façade est rythmée par des colonnes d'ordre composite à chapiteaux corinthiens et par une architrave ornée de denticules ; la toiture, aux traits distinctifs français, représente 40 % de la hauteur totale et présente une pente très raide, les combles élevés étant éclairés par des lucarnes, comme dans d'autres bâtiments normands. Les arcades avaient été fermées par de grands vitrages et un niveau intermédiaire ajouté ; lors de la restauration de 1969-1973, les baies furent laissées ouvertes et ce niveau n'a pas été reconstruit. Les murs en pierre de Caen ont été repris par une armature en béton armé et ne sont plus porteurs : la structure de l'hôtel s'apparente désormais à celle des immeubles de la Reconstruction, comme pour les hôtels d'Escoville ou de Than.

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