Origine et histoire de l'Hôtel de Montmartin
L'hôtel de Montmartin est un ancien hôtel particulier de Besançon, l'une des demeures du cardinal Antoine Perrenot de Granvelle, construit au XVIe siècle dans le centre historique. En 1581 le cardinal fit démolir la tour de Montmartin qu'il venait d'acquérir et confia la construction à l'architecte bisontin Richard Maire. Les travaux débutèrent rapidement : les fondations sur pilotis furent achevées en avril 1582, les murs du verger en juillet et le sous-sol destiné aux offices en octobre de la même année. En 1583 les murs s'élevèrent et les linteaux des fenêtres furent posés. En octobre 1584 le cardinal demanda la surélévation d'un deuxième étage; en septembre 1585 Richard Maire mourut et son fils Jean prit la suite du chantier. Le marché du deuxième étage fut conclu en juillet 1586, mais le cardinal mourut à Madrid le 21 septembre 1586 sans avoir résidé dans l'hôtel. L'édifice revint à son petit-neveu Thomas-François d'Oiselay, qui le vendit en 1618 à la municipalité de Besançon. En 1653 l'hôtel abrita une académie d'équitation, puis, à partir de 1677, il fut affecté au logement du gouverneur militaire de la province, puis du lieutenant général. Remanié entre 1683 et 1685, il fut agrandi par l'achat d'un jardin appartenant à Luc Morel, sur lequel furent construits des écuries et des remises, et la ville procéda l'année suivante à des échanges de terrains avec les jésuites voisins. En 1734 l'arrivée du duc de Duras, accompagné de cinquante chevaux et mulets, contraignit la municipalité à acquérir un terrain aux clarisses de l'autre côté de la rue pour y établir de nouvelles écuries et une prison militaire; ces bâtiments furent réalisés entre 1739 et 1741 par l'entrepreneur Jean-Claude Grosjean. Dans le même temps, le corps de logis reçut une aile en retour d'équerre à gauche de la cour d'honneur, probablement attribuable à l'architecte Charles-François Longin. En 1741 le duc de Randan fit poser dix glaces de trumeaux pour décorer ses appartements; le miroitier Pierre Maillot exécuta cet ensemble pour 2 780 livres. Le portail donnant sur la rue semble également dater du XVIIIe siècle. Vendue par la ville en 1793, la demeure fut acquise par les sœurs du Sacré-Cœur en 1823. En 1840 l'aile gauche fut reconstruite et une chapelle aménagée par l'architecte Alphonse Delacroix; la façade sur rue reçut un bas-relief représentant la Vierge à l'Enfant par le sculpteur Camille Demesmay. L'aile droite, plus ancienne, pourrait avoir été édifiée entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle par l'architecte Denis-Philibert Lapret. Le corps de logis est cantonné de quatre tours d'angle et s'ouvre sur une cour donnant sur la rue, fermée par un portail du XVIIIe siècle. À la suite d'un legs, l'hôpital Saint-Jacques acquit l'hôtel en 1907 pour y installer la maternité départementale dite "maternité Berger". En 1911 les meneaux et croisillons des fenêtres du premier étage furent supprimés, et en 1913 le pavillon Pasteur fut édifié au fond du jardin pour le service de médecine féminine. La maternité y demeura jusqu'en 1973, date à laquelle elle fut transférée au nouvel établissement "La Mère et l'Enfant" ; depuis lors l'hôtel sert à l'administration de l'hôpital. Plusieurs personnalités, dont le duc de Bourbon, le prince de Condé et Louis-Philippe d'Orléans, y séjournèrent lors de visites à Besançon. L'hôtel accueillit l'assemblée des États de Franche-Comté du 26 novembre 1788 au 6 janvier 1789. La façade, les toitures et le portail sur rue sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 7 novembre 1979.