Origine et histoire
L'hôtel de Noailles était un hôtel particulier du 1er arrondissement de Paris, construit à la fin du XVIIe siècle. Les attributions diffèrent selon les sources : certains lient sa construction vers 1679 à Jules Hardouin-Mansart pour Anne Jules de Noailles, tandis que d'autres la situent après 1677 sous la direction de Jean Marot pour Henri Pussort. Il occupait l'emplacement compris entre les actuels numéros 211 et 221 de la rue Saint-Honoré, jouxtant à l'ouest le couvent des Feuillants, et ses jardins s'étendaient jusqu'à la Cour du Manège et à l'emplacement de la future rue de Rivoli. Acquis en 1711 par Adrien Maurice de Noailles, l'hôtel fut transformé par l'architecte Pierre Cailleteau dit Lassurance, avec des jardins dessinés par Charpentier, et resta dans la famille de Noailles jusqu'à la Révolution. En 1751 Louis de Noailles acheta l'hôtel d'Aumont voisin, le fit détruire en 1766 pour agrandir le domaine, déplaça l'entrée sur la place aujourd'hui appelée place Édouard Detaille et fit construire des écuries à droite de cette entrée. Le parc fut redessiné par Hubert Robert, qui redécora aussi la galerie basse de l'aile nord, et une ferme fut installée vers la porte de Poissy. L'hôtel fut le cadre d'événements remarqués : La Fayette s'y maria le 11 février 1774 et Marie-Antoinette y reçut une visite à son retour d'Amérique le 15 février 1784. Pendant la Révolution il fut occupé par divers comités, puis une grande partie de la propriété fut vendue comme bien national ; en 1803 une partie échut à M. Bezuchet tandis que l'État conserva les écuries, ultérieurement intégrées au domaine de la couronne et aujourd'hui affectées à la DRAC d'Île-de-France. En 1802 l'hôtel servit de résidence au troisième consul Charles-François Lebrun. En 1807, au fond du jardin et en bordure de la rue de Rivoli, furent construites dix-sept arcades, sans qu'aucun immeuble n'y soit édifié avant 1830. Restitué à la famille de Noailles sous la Restauration, l'ensemble fut ensuite vendu à Lord Francis Egerton, qui le conserva jusqu'à sa mort en 1829 ; ses héritiers mirent alors le domaine en vente et le cédèrent à Martin-Pierre Chéronnet et aux frères Périer. Les acheteurs firent démolir l'hôtel et, par ordonnance du 20 septembre 1830, obtinrent l'autorisation d'ouvrir à son emplacement la « rue Louis-Philippe » (renommée rue d'Alger en 1832) et de prolonger la rue du Mont-Thabor ; la destruction du corps principal date de cette période. Certaines parcelles et bâtiments subsistants furent néanmoins remaniés au XIXe siècle : en 1836 on ouvrit une voie perçant le corps central, et le pavillon sud fut acheté sous le Second Empire par M. Carel, qui le prolongea de deux travées, fit édifier une aile en retour sur la cour, fit construire un escalier dont la rampe fut forgée par le serrurier Moutier, remplaça la balustrade de toit par du plâtre et fit poser quatre groupes sculptés aux angles. En 1902 Pierre Albert Beaufeu acquit ce pavillon et procéda à des restaurations importantes : rétablissement de la balustrade en pierre, reconstruction du deuxième étage, pose de consoles avec bustes sur les trumeaux et installation de deux grands vases de part et d'autre de la façade sur jardin. La maison du 31 place Édouard Detaille, initialement construite pour loger le portier lors de l'extension de 1766, conserve globalement son volume décrit en 1795 et prit au milieu du XIXe siècle son caractère de maison de notable ; elle a appartenu à la famille du peintre Édouard Detaille. La maison de notable du 18 rue de Noailles occupe l'emplacement des anciens communs ; le lot concerné échut à Emmanuel Marie Louis de Noailles puis fut vendu le 2 ventôse an VII, décrié en 1831 comme très dégradé, acheté en 1835 par Mme de Goujon de Thuisy et agrandi en 1843 par adjonction d'une partie de la maison voisine, ce qui lui donna sa configuration actuelle. Un panneau à l'adresse 211 rue Saint-Honoré rappelle l'emplacement et l'histoire de cet ancien hôtel particulier.